Le chaînon manquant

Publié le 24 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Si l’on en croit deux analyses récentes de la Banque mondiale et de l’OCDE-BAD*, faute d’actions concrètes en faveur des petites et moyennes entreprises (PME), les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) n’ont que peu de chances d’être atteints (voir encadré). En Afrique, seuls 6 pays sur 53 semblent en mesure de réduire de moitié le nombre de personnes vivant avec moins de 1 dollar par jour : Algérie, Libye, Égypte, Maroc, Tunisie et Maurice.
Hormis la Libye et l’Algérie, qui disposent d’importantes ressources pétrolières, les quatre autres pays disposent d’un noyau relativement consistant de PME. Partout ailleurs sur le continent, ces vrais acteurs du développement que sont les PME font défaut. L’économie formelle y est dominée par les grandes entreprises ou les multinationales. Ces dernières parviennent à contourner tous les écueils à la faveur de leurs relations au plus haut niveau avec les États et les bailleurs de fonds, et de leurs moyens financiers et humains (accès aux ressources et à l’information).
Le rapport conjoint OCDE-BAD insiste particulièrement cette année sur la vie des PME et rappelle que la croissance économique seule ne sera jamais source de développement si elle est le fruit exclusif des grandes exploitations minières et si elle ne s’accompagne pas d’une répartition équitable des richesses. Que faire ?
Il n’y a pas de formule magique, mais il existe une mesure toute simple : éliminer les obstacles à la création d’entreprises et favoriser leur pérennité. L’Afrique ne manque pas d’entrepreneurs, mais ces derniers préfèrent travailler dans l’informel pour diverses raisons : précarité de l’environnement (politique, juridique), insuffisance d’informations sur le cadre légal, commercial et technologique, manque d’accès aux banques (projets non bancables à cause de leur taille ou de l’absence de garantie), lourdeurs administratives, harcèlement fiscal, douanier et policier… Dans l’ensemble, l’environnement est hostile et le promoteur opte, dans la plupart des cas, pour des choix simples et rapides. Le secteur informel lui offre justement cette souplesse en lui permettant d’esquiver les contraintes et de fermer boutique quand il veut.
Seule solution pour les États africains de « récupérer » le dynamisme du secteur informel : améliorer le climat des affaires et mettre en place des incitations financières. Cela permettrait d’encourager les investisseurs locaux et d’augmenter les recettes fiscales du pays. « C’est quelque chose que les Africains doivent faire par eux-mêmes pour eux-mêmes », selon Colm Foy, du Centre de développement de l’OCDE.

*Global monitoring report, Banque mondiale, du 12 avril 2005, et Perspectives économiques en Afrique, rapport conjoint de la Banque africaine de développement (BAD) et du Centre de développement de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), du 17 mai 2005.

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