Des livres et des journaux

Publié le 24 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Le 20 mai, les lecteurs du Monde ont trouvé dans les kiosques, à côté de leur journal, un livre de 96 pages au format 18 x 23 cm consacré au peintre Matisse. Cette monographie réalisée par Taschen, le célèbre éditeur d’art allemand, est la première d’une série de 36 ouvrages baptisée « Le musée du Monde ». Parmi les artistes rassemblés dans cette collection, Vermeer, Goya, Dalí, Gauguin, Magritte, Modigliani, Degas, Chagall, Van Gogh, Picasso, Balthus, Schiele…
Chaque semaine, jusqu’au 21 janvier 2006, Le Monde daté du samedi sera proposé à 6,95 euros, un prix incluant, outre le livre, le quotidien lui-même, le supplément New York Times ainsi que l’hebdomadaire Le Monde 2. Le livre pourra toutefois s’acquérir séparément, à 4,45 euros.
Le journal de Jean-Marie Colombani emboîte ainsi le pas à son grand rival Le Figaro, qui a lancé le 22 janvier dernier la vente d’une version abrégée de l’Encyclopaedia Universalis. L’opération connaît un succès non négligeable : quelque 100 000 exemplaires sont vendus en moyenne chaque semaine.
Confrontés à la baisse de leurs recettes publicitaires ainsi que de leurs ventes, en raison notamment de la concurrence d’Internet et des journaux gratuits, les deux grands titres parisiens tentent de doper ainsi leur chiffre d’affaires. Ils n’ont toutefois rien inventé. La Voix du Nord, La Dépêche du Midi et beaucoup d’autres titres de la presse régionale française commercialisent ou ont commercialisé des atlas, des encyclopédies thématiques ou des classiques. Surtout, comme le rappelle Livres Hebdo dans son édition du 13 mai, la vente de livres par la presse s’est généralisée en Europe. Le Süddeutsche Zeitung et Bild ont amorcé, en 2004, le mouvement en Allemagne, suivis de Die Zeit. El País, ABC, El Mundo et presque tous les grands journaux espagnols proposent désormais, à côté de multiples autres produits, des romans, des livres pratiques, des albums pour enfants… À un point tel que les kiosques se transforment en bazar.
C’est en Italie que la formule a pris le plus d’ampleur. Lancée en 2002 par La Repubblica, qui a vendu 1 million d’exemplaires du Nom de la rose d’Umberto Eco, elle a fait tache d’huile : avec près de 1 700 titres placés dans les kiosques en 2004, les journaux sont devenus les premiers éditeurs du pays.
Les libraires, on les comprend, font grise mine. En France, l’opposition déterminée de leur syndicat a différé nombre de projets. Après avoir réussi à faire condamner en 2003 Le Point, qui avait lancé une collection de classiques, sur la question de la vente couplée, il devrait réagir à l’opération du Monde. Mais ce dernier, comme avant lui Le Figaro, s’est gardé de lier la vente du journal et du livre : on peut acheter le premier sans le second et vice versa.
Quoi qu’il en soit, rien n’indique que ces initiatives de la presse nuisent aux libraires. Avec des encyclopédies, des livres sur l’art, voire des classiques ou des BD, elles restent en marge de l’édition, dont l’épicentre est la littérature contemporaine. Et, là, on voit mal des maisons comme Gallimard ou Le Seuil se prêter à un exercice qui mettrait en péril un système dont ils sont les grands bénéficiaires.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires