Benoît XVI, l’Afrique et le vice
Le successeur de Jean-Paul II surprend par ses déclarations en direction du continent. Florilège.
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On ne l’attendait pas sur ce terrain, persuadés que, pour cet Européen très préoccupé par la décatholicisation de son vieux continent, l’Afrique n’était pas une priorité. Mais Joseph Ratzinger, 78 ans, a surpris son monde. Lors de sa première bénédiction dominicale, le 1er mai, le nouveau pape a prié pour « le cher peuple togolais, déchiré par les divisions internes ». Une semaine plus tard, le premier chef d’État reçu en audience au Vatican – après la traditionnelle visite de l’Italien Ciampi – avait pour nom Thabo Mbeki : « Je vous encourage à travailler pour la paix en Afrique ; continuez », lui a dit le successeur de Jean-Paul II.
Le 13 mai, enfin, lors d’une rencontre avec les prêtres du diocèse de Rome, Benoît XVI, après avoir longtemps écouté ses hôtes, n’a répondu qu’à une seule question – et elle concernait l’Afrique. « Nous devons reconnaître, a-t-il dit, que si l’Europe a exporté vers l’Afrique la foi dans le Christ, elle lui a aussi transmis ses propres vices, notamment la corruption et la violence qui ravagent le continent. Nous vendons des armes, nous pillons les richesses de cette Terre. Nous, Européens, devons admettre notre responsabilité et notre culpabilité. Il faut impérativement qu’en direction de ce grand continent du nouvel humanisme qu’est l’Afrique l’exportation de la foi surpasse celle du vice. » Même teinté de paternalisme conservateur – on ne se refait pas -, cet aveu est suffisamment rare pour être salué. « L’humble travailleur dans les vignes du Seigneur », comme il se qualifie lui-même, aurait-il décidé de nous étonner ?
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