Anicet-Georges Dologuélé

Président de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC)

Publié le 24 mai 2005 Lecture : 4 minutes.

Après avoir mis ses activités en sommeil pendant plus de dix ans, la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) reprend progressivement ses opérations sous l’autorité d’Anicet-Georges Dologuélé, nommé en août 2001. Ancien Premier ministre de Centrafrique (1997-2001), où il avait mis de l’ordre dans les finances publiques, l’homme ne ménage pas ses efforts pour rénover l’institution et lui rendre sa crédibilité.

Jeune Afrique/l’intelligent : Les résultats de l’exercice 2004, le troisième sous votre présidence, sont maintenant connus. Quels en sont les points saillants ?
Anicet-Georges Dologuélé : Sans surprise, 2004 se situe dans le prolongement de 2003. Le total de bilan est en augmentation de 3,8 %, à près de 46 milliards de F CFA [70 millions d’euros, NDLR], et notre bénéfice net diminue, tout en restant positif, à 1 milliard de F CFA. Autre chiffre illustrant la poursuite de nos efforts de bonne gestion, celui des charges d’exploitation, qui comprennent notamment les salaires et les frais généraux, en hausse de seulement 0,8 %.
J.A.I. : Pourquoi « sans surprise » ?
A.G.D. : Ces comptes traduisent la bonne marche de notre plan de restructuration, qui couvrait la période 2002-2004. Nous avons continué d’assainir les comptes et n’avons donc pas de nouvelles rentrées d’argent. La baisse du bénéfice net ne signifie pas autre chose. Mais nous reprenons progressivement l’activité de financement du développement dans la sous-région, interrompue pendant plusieurs années pour rembourser les dettes. Ces deux dernières années, nous avons engagé 66,5 milliards de F CFA dans 88 projets. Grâce à quoi, en 2006, notre bilan devrait être bien meilleur.
J.A.I. : Beaucoup de projets, mais peu d’argent…
A.G.D. : Exact. Mais c’est ainsi que nous avons décidé de procéder : multiplier les opérations et, surtout, les partenaires. Sur le terrain, il s’agit de diversifier notre savoir-faire opérationnel en intervenant dans le plus grand nombre de secteurs possibles. Au plan institutionnel, nous visons à accroître notre expertise en nous associant à d’autres institutions de développement, comme la BOAD, la BAD, l’AFD ou encore la Badea [Banque arabe pour le développement économique en Afrique, NDLR].
J.A.I. : Mais ce sont vos homologues… Ne risquez-vous pas de vous éloigner des réalités du marché ?
A.G.D. : Nos homologues sont tous beaucoup plus importants que nous. Il y a 48 personnes à la BDEAC, soit environ quatre fois moins qu’à la BOAD et vingt fois moins qu’à la BAD. Nous pouvons beaucoup apprendre en travaillant avec de tels partenaires. En parallèle, nous avons décidé de nous rapprocher d’autres circuits financiers, notamment privés. Pour y parvenir, nous venons de lancer une émission obligataire de 10 milliards de F CFA. C’est une première dans la sous-région.
J.A.I. : Quels circuits financiers visez-vous ?
A.G.D. : Il s’agit d’un emprunt à long terme, sur sept ans, que nous rémunérons à un taux annuel de 5,5 % net d’impôt, ce qui est très attractif. Nous le proposons à des investisseurs institutionnels, organismes de microfinance, compagnies d’assurances et caisses de prévoyance sociale. Nous faisons du porte-à-porte, et c’est volontaire, car cette démarche nous permet de présenter la banque sous son nouveau visage.
J.A.I. : Cette opération est donc une nouvelle action de communication ?
A.G.D. : Oui, mais elle a aussi un objectif financier, et même deux. Plusieurs études montrent qu’il existe, en Afrique centrale, une forte proportion d’épargne oisive et, par ailleurs, d’importants besoins des établissements de crédits en ressources financières à long terme. D’un côté, de l’argent qui ne travaille pas, non réinvesti ou placé, de l’autre, des banques qui gèrent surtout des dépôts à vue et des crédits à court terme. Nous essayons de changer ces habitudes en proposant des obligations sur sept ans, ce qui peut inciter les banques à envisager des crédits sur sept ou dix ans.
J.A.I. : 10 milliards de F CFA, ce n’est pas beaucoup…
A.G.D. : Mais ce n’est pas rien dans un environnement financier où, jusqu’à présent, il n’y a pas d’argent disponible sur le long terme. Je peux aussi vous annoncer que si cette première émission obligataire est un succès, nous en lancerons une seconde, du même montant, et nous ferons alors appel à l’épargne publique. Nous menons à bien les étapes une à une, car nous ne voulons pas faire n’importe quoi. Ces opérations et leurs montants ont été déterminés dans notre plan de relance 2004-2006, lui-même mûrement réfléchi en fonction de nos ressources humaines et techniques, et de notre capacité financière.
J.A.I. : Ce plan de relance s’achève en 2006, en même temps que votre premier mandat. En briguerez-vous un second ?
A.G.D. : Comme je vous l’ai dit, à la BDEAC, nous menons les étapes les unes après les autres. Il reste encore deux exercices à réussir avant de répondre à votre question.

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