Tibor Nagy, « Monsieur Afrique » de Donald Trump : « La finalité de l’Agoa n’est pas de contrer la Chine »
Malgré les facilités commerciales et l’Agoa, le cadre législatif régissant les échanges avec le continent, les États-Unis restent le troisième partenaire commercial de l’Afrique, derrière l’Union européenne et la Chine. Alors que l’Agoa arrive à son terme en 2025, Tibor Nagy, sous-secrétaire d’État américain aux Affaires africaines, détaille la politique économique africaine de l’administration Trump.
« Comment revigorer les échanges commerciaux entre l’Afrique et les États-Unis ? » C’est la question à laquelle ont tenté de répondre les participants au 18e forum annuel de l’Agoa, qui s’est tenu les 6 et 7 août à Abidjan. De fait, le niveau des relations commerciales entre Wahsington et le continent connaissent un très net ralentissement. Alors que l’Agoa arrive à son terme en 2025, l’heure du bilan approche. Et les États-Unis, première puissance économique mondiale, ne sont aujourd’hui que le troisième partenaire commercial du continent, après l’Union européenne et la Chine.
Lancé en 2000 sous la présidence de Bill Clinton, l’Agoa (African Growth and Opportunity Act – Loi sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique, en français), prévoit pourtant une franchise de droits de douanes sur 6 500 produits (pétroliers, agricoles, textiles, artisanat…) avec l’objectif, justement, de favoriser les échanges.
Mais si, dans les années qui ont suivi la mise en place de ce système, le volume des échanges a quadruplé de 2002 à 2008 – il avait alors atteint 100 milliards de dollars (90 milliards d’euros) – , les échanges ont replongé pour atteindre 39 milliards de dollars en 2017, selon les chiffres de l’agence de développement américaine USAID.
L’administration Trump ne peut qu’en faire le constat. Même si le solde a toujours été largement bénéficiaire pour l’Afrique, les montants des échanges restent « faibles », a ainsi estimé Constance Hamilton, représentante adjointe des États-Unis au commerce extérieur pour l’Afrique, lors d’un point presse à Abidjan.
Outre cette faiblesse du volume des échanges, se pose également la question de la diversification. Les produits pétroliers représentent en effet les deux tiers des exportations africaines outre-Atlantique, alors que l’ambition du programme Agoa était justement de diversifier les échanges pour aider à l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne, a souligné la responsable étasunienne. À titre d’exemple, dans le secteur textile, l’Afrique n’exporte que pour 1 milliard de dollars par an vers les États-Unis, soit à peine plus de 1 % du total des importations américaines de ce secteur.
Compétition commerciale face à la Chine et à l’Union européenne, bénéfices concret de l’Agoa pour les États-Unis, stratégie envisagée pour renverser la tendance… Tibor Nagy, sous-secrétaire d’État américain aux Affaires africaines, en poste depuis près d’un an, détaille ses ambitions.
Jeune Afrique : L’Agoa est-il compatible avec le leitmotiv du président Donald Trump, « America first » ?
Tibor Nagy : « America first » ne signifie nullement « America only ». Il appartient à chaque dirigeant de hisser son pays le plus haut possible. Ainsi, dans le cadre de l’Agoa, il appartient à chaque dirigeant de tirer les meilleurs avantages, notamment en matière d’accroissement des échanges et de créations d’emplois.
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