Rebuffade à Tripoli
Sean McCormack, le porte-parole du département d’État américain, n’a pas attendu le départ de Tripoli, le 18 avril, de John Negroponte, le numéro deux de la diplomatie de son pays, pour faire part de la déception des États-Unis sur la façon dont a été reçu son représentant dans la capitale libyenne. Arrivé la veille, Negroponte avait en effet été accueilli à l’aéroport par un simple fonctionnaire du ministère libyen des Affaires étrangères et jamais, durant son séjour, il n’a pu rencontrer le Premier ministre Ali Baghdadi Al Mahmoudi ni le « Guide » Mouammar Kadhafi. « Tripoli n’a pas donné la moindre explication à cette décision », regrette McCormack. Negroponte était pourtant le premier responsable américain de ce rang à aller en Libye depuis 1953.
Selon des analystes libyens, cette rebuffade est liée au fait que Kadhafi aurait voulu éviter de se faire interpeller sur le « reliquat » d’indemnités que son pays doit encore verser aux victimes américaines de l’attentat de Lockerbie de 1988 et sur le sort des infirmières bulgares et du médecin palestinien emprisonnés dans son pays. Les diplomates européens avancent, eux, une autre explication. Par son comportement, le « Guide » aurait voulu manifester son mécontentement à la suite des reports successifs de la visite maintes fois promise de la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice à Tripoli. Et aurait, dans la foulée, voulu faire comprendre à Washington qu’il n’approuvait pas l’absence de nomination d’un ambassadeur américain dans son pays, malgré la reprise officielle des relations entre les deux capitales en mai dernier.
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