Ogobara Doumbo

Directeur du Centre de recherche et de formation sur le paludisme du Mali

Publié le 23 avril 2007 Lecture : 3 minutes.

Le 1er mars 2007, le groupe industriel Sanofi-Aventis annonce que l’Asaq, nouveau traitement qui combine deux substances efficaces contre le palu, sera bientôt disponible en Afrique. Le professeur Ogobara Doumbo, directeur du Centre de recherche et de formation sur le paludisme du Mali, profite de la tribune pour appeler les dirigeants d’Afrique de l’Ouest à s’impliquer dans la mise en place d’industries pharmaceutiques. « Il est temps de réfléchir, en collaboration avec des professionnels, à la possibilité de régionaliser les productions de médicaments, lance-t-il. Les dirigeants africains ne sont plus insensibles aux problèmes de santé publique, mais nous ne pouvons laisser la santé aux seuls politiciens. » Fort de son parcours exemplaire d’homme de terrain et de laboratoire, Ogobara Doumbo, fils et petit-fils de tradipraticiens dogons de Koro, est aujourd’hui l’un des scientifiques internationaux les plus respectés et les plus pointus de la parasitologie tropicale. Créé à Bamako en 1992 par le gouvernement malien, avec l’appui de l’Institut international de la santé des États-Unis (NIH), le Centre de formation et de recherche sur le paludisme qu’il dirige – connu sous le nom de Malaria Research and Training Center (MRTC) -, fait partie de ces rares laboratoires à avoir entrepris, dès juillet 2003, des essais de vaccins antipaludiques sur l’homme. Des tests prometteurs qui se poursuivent aujourd’hui en collaboration avec, entre autres, l’université du Maryland (États-Unis) et l’armée américaine. Autre particularité : la trentaine de chercheurs qui entourent Ogobara Dumbo à Bamako sont tous des Maliens formés dans les meilleures universités internationales. Une fierté pour le pays, sinon pour le continent. Prix Nobel de médecine en 1989 et ancien directeur du NIH, Harold Varmus cite souvent en exemple le MRTC : « Si l’on clonait ce laboratoire, on ferait exister une recherche en Afrique. » Rien, en effet, ne le distingue par ses équipements et les compétences qui les mettent en uvre des laboratoires de biologie les plus modernes des pays du Nord.

« Le Centre appartient à tous les Maliens, affirme Ogobara Dumbo. Nous possédons trois points forts : d’abord le développement d’une réelle capacité africaine en recherche biomédicale, de niveau international, pour maîtriser le douloureux problème de fuite des cerveaux ; ensuite, le développement de capacité en essais cliniques à un niveau équivalent des exigences américaines pour les tests de nouveaux médicaments et de vaccins antipaludiques ; enfin, le troisième axe est notre contribution scientifique dans certains domaines du paludisme tels que l’étude de la résistance du parasite aux médicaments antipaludiques, ou encore la protection naturelle de certains individus contre les formes létales de la maladie, observée notamment chez les Dogons du Mali. »
Depuis 2003, le Centre de recherche a déjà réalisé cinq essais cliniques avec des « candidats-vaccins » contre le paludisme, développés par le WRAIR de l’armée américaine : « Nous sommes en train de démontrer que ces produits sont tolérés par les adultes et les enfants en zone d’endémie, qu’ils stimulent bien le système immunitaire pour la production d’anticorps. Quant à leur capacité de protection contre la maladie, elle est en cours d’observation. Dans le cycle complexe du paludisme, ce sont des candidats-vaccins qui interviennent à la phase sanguine. Ils agissent sur les formes du parasite qui se multiplient dans les globules rouges. Et nous espérons qu’ils permettent de protéger l’organisme contre la malaria. » En outre, Ogobara et son équipe contribuent au développement des aspects éthiques en recherche internationale, notamment sur la manière d’obtenir les consentements individuels pour des essais vaccinaux effectués sur des personnes peu informées des risques.

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