Mobilisation contre la terreur

Publié le 23 avril 2007 Lecture : 3 minutes.

Alger, mardi 17 avril, sept jours exactement après les attentats-suicides qui ont fait 30 morts et 37 blessés dans la capitale et sa banlieue. Dans un élan de solidarité, des centaines de milliers d’Algériens défilent dans les rues des principales villes du pays pour crier leur colère contre le terrorisme.
Ce n’est pas la première fois que la population se mobilise ainsi contre une telle violence. En mars 1993 déjà, quand les Groupes islamiques armés (GIA) semaient la mort, de grandes manifestations avaient été organisées. Mais contrairement à celles de l’époque, barbus et femmes voilées sont, cette fois, tolérés dans les cortèges, et les manifestants ne fuient plus les objectifs des caméras de peur d’être reconnus et inscrits sur la liste des personnes à abattre. Mieux : alors que les défilés évitaient soigneusement les fiefs islamistes en 1993, les plus fortes mobilisations ont eu lieu, cette fois, dans les villes qui ont le plus souffert du terrorisme. Sur les 47 marches organisées, celle d’Aïn Defla, une wilaya (préfecture) rurale à cheval entre les monts de l’Ouarsenis et du Zaccar cibles privilégiées des groupes terroristes, a réussi à mobiliser plus de 30 000 personnes, loin devant les 15 000 présentes à Sétif et les 10 000 à Mostaganem
D’où vient une telle mobilisation ? Le terrorisme ferait-il moins peur aujourd’hui qu’hier ? Les partisans du président Abdelaziz Bouteflika l’expliquent par le soutien populaire reçu par sa politique de Réconciliation nationale, qui propose aux maquisards l’extinction des poursuites s’ils acceptent de se rendre aux autorités. Une « récupération » que dénoncent ses détracteurs, pour qui les attentats seraient en partie liés à ce manque de fermeté de l’État
Quoi qu’il en soit, le pouvoir veut rapidement tourner la page. Il n’entend pas laisser la menace terroriste briser la nette amélioration de son image sécuritaire enregistrée ces dernières années. Le courroux du gouvernement algérien à la suite du message adressé à ses ressortissants par l’ambassade des États-Unis à Alger, au lendemain des attaques, le prouve. Les autorités se sont empressées de déclarer sans fondement les avertissements américains sur l’imminence de nouveaux attentats à l’explosif contre le bâtiment de la Poste centrale et le siège de la Télévision publique, relayées par les agences de presse et les télévisions internationales. Plus encore : elles les ont considérés comme une atteinte à la souveraineté nationale. L’ambassade américaine a dû fournir des explications et convaincre le gouvernement algérien que ses services n’avaient fait que remplir leurs obligations à l’égard des citoyens américains résidant ou de passage à Alger.
L’incident oublié, reste l’enquête. Peu réputé pour sa politique de communication, le pouvoir n’a donné aucune conférence de presse pour faire le point sur son avancement et rassurer la population, malgré l’ampleur de la tragédie. Les bribes d’information données par Yazid Zerhouni, le ministre de l’Intérieur, à l’occasion de ses sorties publiques ont, au contraire, jeté le trouble. En affirmant qu’« un dispositif de détonateur à distance [avait] été retrouvé dans les débris du véhicule piégé » garé devant le Palais du gouvernement, il a mis en doute la thèse de l’attentat-kamikaze. Les traces ADN de Marwane Boudina, l’homme qui s’est fait exploser à bord de la voiture, trouvées sur le site confirment la présence du terroriste dans le véhicule sans que l’on puisse affirmer qu’il a déclenché lui-même l’explosion. À Bab Ezzouar, les investigations menées semblent attester que l’homme à l’origine de l’attaque s’est fait sauter avec sa charge. En revanche, la plus grande incertitude plane sur le troisième individu ayant participé aux opérations, qui serait encore dans la nature.

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