La Banque du Sud veut défier Bretton Woods
En marge de l’assemblée du FMI à Washington, le Brésil a annoncé, le 14 avril, qu’il voulait devenir membre de la Banque du Sud. Ce projet fait partie de la panoplie de moyens imaginés par Hugo Chávez, le président vénézuélien, pour contrecarrer l’impérialisme des grandes puissances du Nord, les États-Unis au premier chef : organisation de libre-échange du Sud (l’Alternative bolivarienne pour les Amériques, l’Alba), gazoduc du Sud, oléoduc du Sud et donc Banque du Sud. L’Argentine, l’Équateur et la Bolivie ont déjà rallié le bouillonnant Chávez, dont l’idée, simple, est la suivante : les États membres mettent en commun une partie de leurs réserves de change, qui sera utilisée pour financer le développement à travers des projets d’éducation, d’infrastructures, d’aide à la production
Concurrente du FMI et de la Banque mondiale, cette institution financière alternative ambitionne de créer une « autre manière de prêter ». Soucieuse des besoins des populations locales (par opposition aux institutions de Bretton Woods, accusées d’en faire fi au nom d’objectifs purement économiques), exempte de volonté de domination (à l’inverse du FMI et de la Banque, qui se voient reprocher de véhiculer les principes impérialistes), enrayant la fuite des capitaux (qui proviennent des ressources naturelles des adhérents), fixant des priorités d’investissement adaptées
L’une des idées sous-jacentes est que les intéressés sont les mieux placés pour savoir ce qui est bon pour eux, et pour le mettre en uvre. Mais, outre le fait que le FMI et la Banque disposent d’une indéniable expertise (en matière de macroéconomie pour l’un, de développement pour l’autre), la Banque du Sud risque d’être malmenée par d’inévitables querelles de leadership.
« Le Brésil ne mangera pas dans un plat fait par d’autres », déclarait un conseiller du président Lula trois jours après que le Brésil eut annoncé son intention de rejoindre le projet du camarade Chávez. Mais, grâce au désendettement, les ressources sont bien là : les pays cités ci-dessus ont mis 600 millions de dollars en commun pour créer la Banque du Sud, selon le Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde (CADTM). La Chine, en Afrique, n’expérimente-t-elle pas une autre manière de prêter, guidée, cette fois, par le besoin de sécuriser ses approvisionnements en matières premières ? En attendant une Banque du Sud à l’africaine, et le leadership qui saura l’incarner.
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