Fer forgé, tapisseries et bijoux

Grâce à un savoir-faire ancestral et à des mesures incitatives, l’artisanat continue de contribuer fortement à la richesse nationale.

Publié le 23 avril 2007 Lecture : 3 minutes.

La 24e édition du Salon de la création artisanale tunisienne, qui a fermé ses portes le 25 mars, a remporté un franc succès, si l’on en juge par le millier d’exposants, dont 300 dans la section création, les quelque 130 000 visiteurs, ainsi que la qualité et la variété des produits proposés.
Ce salon, l’un des plus populaires du pays, qui s’est tenu pendant dix jours à Tunis, au parc des expositions du Kram, illustre la place importante que la Tunisie accorde à l’artisanat. Ce dernier représente aujourd’hui environ 4 % du produit intérieur brut (PIB), emploie quelque 300 000 personnes, soit près de 11 % de la main-d’uvre active, crée plus de 7 000 emplois chaque année, fait travailler un nombre important de femmes et constitue l’activité principale pour environ 900 entreprises, qui se répartissent en une dizaine de groupes de métiers.
Les produits artisanaux sont destinés au marché national, mais aussi et surtout à l’exportation. « De 22,3 millions de dinars [1 dinar = 0,57 euro] en 1993, les exportations directes sont passées à quelque 50 millions de dinars aujourd’hui, souligne Mohamed Boussaïd, directeur général de l’Office national de l’artisanat [ONA]. Quant aux exportations indirectes, elles s’élèvent désormais à 250 millions de dinars, contre 125,5 millions en 2003. » Une croissance stimulée par la diversification des produits, avec, notamment, la montée en puissance du fer forgé, de la tapisserie murale et de la bijouterie. La dimension économique et commerciale du secteur n’a d’ailleurs pas échappé aux autorités du pays, qui l’ont rattaché au ministère du Commerce, alors qu’il était longtemps resté associé au Tourisme. Cette contribution économique très honorable, l’artisanat la doit à un savoir-faire ancestral que la nouvelle génération d’artisans a su reprendre à son compte, tout en innovant au niveau des formes, des matières et des techniques pour répondre à la demande. Elle la doit aussi à une série de mesures incitatives prises par le gouvernement depuis 1987.
Pas question pour autant de s’arrêter en si bon chemin. Une étude stratégique réalisée en 2001 par l’ONA a démontré en effet que le secteur recèle un énorme potentiel. De quoi lui permettre de porter sa contribution au PIB à 8 % et le nombre d’artisans à 412 000 d’ici à 2016. Toujours selon cette étude, la valeur ajoutée de chaque artisan pourrait être portée à 11,13 dinars, contre 4 dinars actuellement, et les achats des touristes passer de 42 dinars par client à 120 dinars en 2016. Enfin, on estime à 112 000 le nombre d’emplois qui pourraient être créés chaque année.
Si les artisans font preuve de créativité, il faut cependant les appuyer en les encadrant. Ainsi, toutes les actions engagées s’intègrent dans un Programme national de développement de l’artisanat (PNDA). Produire mieux et vendre plus, tel est l’objectif. Cap donc sur la restructuration du dispositif d’appui et d’encadrement du secteur et sur la mise à niveau des entreprises. Mais aussi sur la qualité, l’information, le marketing et l’innovation. Du coup, la formation est vivement encouragée. Aujourd’hui, les jeunes talents qui émergent sortent pour la plupart de l’École supérieure des sciences et technologies du design de Tunis et d’écoles de formation professionnelle.
Si l’exportation et l’artisanat d’art et de décoration restent un objectif, il ne s’agit pas pour autant de négliger l’artisanat utilitaire et le marché national, « qui sont une garantie de stabilité », explique Boussaïd. L’accent est par ailleurs mis sur le regroupement de tous les acteurs de la filière, depuis l’approvisionnement jusqu’à la distribution en passant par la fabrication. Et sur les spécificités régionales, avec l’identification d’au moins deux produits à haute valeur ajoutée par région. Nerf de la guerre, les banques privées sont invitées à financer l’activité aux côtés de l’État. Grâce à toutes ces mesures, l’artisanat tunisien semble mieux armé pour affronter la concurrence.

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