Niger : une compagnie pétrolière chinoise accusée de menacer l’une des plus grandes réserves naturelles d’Afrique
Des défenseurs de l’environnement nigériens et internationaux ont lancé une pétition contre le déclassement de la moitié de la grande réserve naturelle nigérienne de Termit et Tin Toumma au profit de China National Petroleum Corporation (CNPC).
« Nous avons lancé cette pétition mercredi dernier parce que le gouvernement du Niger a adopté en juin un projet de redéfinition de la réserve, qui est vraiment menacée par l’exploitation pétrolière d’une société chinoise », a déclaré vendredi 9 août Hamadou Soumana Oumarou, membre de l’ONG nigérienne Jeunes volontaires pour l’environnement.
Créée en 2012, à cheval entre les régions d’Agadez (nord), de Zinder (centre-sud) et de Diffa (sud-est), Termit et Tin Toumma est considérée comme l’une des plus grandes réserves terrestres d’Afrique. Elle abrite 130 espèces d’oiseaux et 17 espèces de mammifères, dont des espèces protégées et menacées : gazelle dama, addax, guépard saharien, mouflon à manchettes, selon les services nigériens de l’Environnement. Une centaine de variétés de plantes y a également été répertoriée par l’université de Niamey.
Des espaces et des espèces menacées
Selon Hamadou Soumana Oumarou, la pétition, disponible sur internet, « demande le reclassement de la plus grande réserve naturelle d’Afrique », et accuse « la Chine de détruire impunément la biodiversité en Afrique ». Celle-ci a déjà reçu « 24 000 signataires sur un objectif de 50 000 ».
Le 26 juin, un conseil des ministres avait décidé du « déplacement des limites » de la réserve, afin de « se conformer au contrat de partage de production » qui lie depuis 2008 le Niger à la China National Petroleum Corporation (CNPC).
Néanmoins, le gouvernement a voulu rassurer : « une partie du périmètre de la réserve empiète sur les blocs pétroliers d’Agadem attribués à CNPC. Ses limites seront déplacées. Mais la réserve conservera la même superficie de 96 560 km2 ».
« Certaines espèces très menacées »
Cette décision « exclut près de 45 000 km2 de l’aire protégée » et « ce déclassement entraînerait la disparition de certaines espèces très menacées, comme l’addax, une espèce d’antilope », s’est alarmée fin juillet l’ONG française Noé, qui avait obtenu en novembre 2018 la gestion de la réserve pour un mandat de vingt ans.
Vingt-et-un puits pétroliers en cours d’exploitation par CNPC cohabitent avec la réserve qui est traversée par un oléoduc sur plus de 100 km, s’inquiète également l’ONG française.
Le ministre nigérien de l’Environnement Almoustapha Garba avait alors estimé que la délégation de gestion à l’ONG Noé permettrait « de pallier les menaces qui compromettent la sauvegarde de la faune » dont « la persistance du braconnage et le sur-pâturage ».
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