Côte d’Ivoire : émotion populaire après le décès du chanteur DJ Arafat
Le chanteur ivoirien DJ Arafat, star du « coupé-décalé » et l’un des artistes les plus populaires de Côte d’Ivoire, est mort lundi à 33 ans des suites d’un accident de moto survenu dans la nuit, suscitant une grande émotion dans son pays.
La Radio-Télévision publique ivoirienne (RTI) a annoncé sa mort lundi midi, alors que des informations sur son accident circulaient depuis plusieurs heures sur les réseaux sociaux. DJ Arafat, de son vrai nom Ange Didier Houon, est mort « lundi à 8 heures » dans un hôpital d’Abidjan, « des suites d’un accident de la circulation qui s’est produit dans la nuit » dans la capitale économique ivoirienne, a précisé la RTI sur son compte Twitter.
Selon Scovik, un manager de coupé-décalé, DJ Arafat, qui était un grand amateur de moto, a été victime d’un traumatisme crânien après avoir percuté une voiture dans le quartier d’Angré (nord d’Abidjan). Il a été transporté à l’hôpital dans le coma, avant de décéder au matin.
Serge Beynaud et Debordo, deux autres stars du coupé-décalé, parfois rivaux d’Arafat sur la scène artistique ou médiatique, ont salué « une icône » de la musique ivoirienne, au cours d’une émission spéciale d’hommage de la RTI.
Bebi Philip, autre vedette du coupé-décalé et ancien arrangeur de DJ Arafat, s’est dit « très touché », auprès de l’AFP. Sur Twitter, le footballeur Didier Drogba a posté une photo du chanteur, qui était un grand amateur de ballon rond, avec un coeur.
Selon le site d’information continue ivoirien Alerte Info, des centaines de fans étaient rassemblés dans la soirée près du domicile de la star défunte pour lui rendre hommage, reprenant en choeur ses tubes.
« Arafat ne peut pas mourir »
Pendant plusieurs heures dans la journée, une foule d’un millier de jeunes fans en pleurs s’était rassemblée devant la polyclinique des Deux Plateaux à Cocody, où est décédé le chanteur.
Incrédules à l’annonce de sa mort, des fans scandaient « Arafat ne peut pas mourir ». La police a dû intervenir pour les contenir. « Ca me fait très mal. Je n’y croyais pas, je suis venue voir », a déclaré à l’AFP une fan, Estelle Oulaye. « C’est le Daishinkan d’Afrique », pour Ibrahim Tapsouba, en référence au surnom du chanteur, tiré d’un superhéros de dessin animé.
DJ Arafat avait été désigné « meilleur artiste de l’année » aux « Awards du coupé-décalé » ivoiriens en 2016 et 2017.
Genre musical, mais aussi attitude, le coupé-décalé, musique au rythme endiablé utilisant souvent des sons électroniques, est né en 2003 dans les boîtes de nuit ivoiriennes pour se disséminer ensuite dans toute l’Afrique. Il a commencé à conquérir l’Europe et les Etats-Unis, notamment grâce aux sportifs qui ont popularisé certains pas de danse.
« On est tous sous le choc », a témoigné auprès de l’AFP Ickx Fontaine, producteur ivoirien et spécialiste du hip hop. DJ Arafat était « au top niveau depuis 15 ans et son premier tube +Jonathan+. C’était impressionnant ».
« C’était un vrai chanteur et un batteur (…), il a donné un nouveau souffle au coupé-décalé », a-t-il estimé.
Dans toute l’Afrique
DJ Arafat était « un monument de la musique ivoirienne », « il donnait des concerts dans toute l’Afrique », a témoigné Ozone, un producteur de hip hop et animateur de télévision. « Il avait un charisme naturel », « il restera une force pour la musique ivoirienne et africaine ».
DJ Arafat était né dans le milieu de la musique. Sa mère était une chanteuse connue et son père un ingénieur du son réputé. « C’était un artiste très exigeant, il travaillait beaucoup », selon Scovik.
Il avait débuté au début des années 2000 comme DJ dans les clubs de la rue Princesse à Yopougon, un des hauts lieux de la nuit abidjanaise, et s’était rapidement fait connaître.
« Il avait un son particulier, il a accéléré le coupé-décalé et il a apporté une autre façon de danser, spectaculaire », a souligné Scovik. « Il était aussi doué pour le marketing, il faisait le buzz, il fallait toujours qu’on parle de lui, il a toujours voulu être à la page ».
Parmi ses tubes, on peut retenir « Kpangor » (2005), « Zoropoto » (2011), « Enfant Béni » (2018). Son dernier single s’intitulait « Moto moto ».
Le ministre ivoirien de la Culture Maurice Kouakou Bandaman a présenté « ses condoléances à la famille et aux mélomanes », et indiqué que des dispositions seraient prises pour « un hommage à l’artiste », selon un communiqué diffusé par la RTI.
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