Vous avez dit « renaissance » ?

Publié le 23 février 2004 Lecture : 2 minutes.

On parle depuis des décennies de « renaissance arabe » et depuis quelques années de « renaissance africaine ». On en parle dans les cercles intellectuels et politiques de ces deux communautés ; les peuples, eux, y croient ou n’y croient pas, mais ne voient rien venir, ne sont appelés à aucun effort, ne sentent aucun changement.
Ceux qui parlent de « renaissance africaine » ou de « renaissance arabe » le font en référence au vent de progrès qui a soufflé sur les arts et les sciences en Europe – en France et en Italie plus particulièrement – aux XVe et XVIe siècles. À partir de cette période, ces deux pays, et par contagion leurs voisins, se sont engagés dans la voie qui a conduit à la modernité.
Mais cette renaissance européenne s’est faite, elle, sans qu’on n’en parle, et encore moins qu’on ne l’annonce. On lui a donné ce nom (« Rinascimento » en italien) trois siècles plus tard, pour la constater et s’en féliciter. Il faut donc dire à ceux des Arabes et des Africains qui la promettent à leurs peuples : « Ne galvaudez pas ce beau mot, ne vous bercez pas d’illusions, agissez au lieu de discourir : la parole n’est pas un substitut de l’action. »

Le XXIe siècle voit déjà la renaissance du Brésil et de la Chine, verra peut-être celle de l’Inde et d’autres pays asiatiques, tels que la Malaisie ou l’Indonésie musulmanes.
Mais pour que l’Afrique subsaharienne ait une chance de connaître une renaissance, il faut avant tout que ses dirigeants fassent beaucoup plus pour faire reculer, puis pour vaincre, le fléau du sida. Comment peut-on espérer le moindre début de renaissance tant que les responsables de la santé des Africains laissent ce terrible fléau décimer les forces vives de leurs pays ?
Et tant que les guerres civiles rendent impossible toute bonne gouvernance ?
De même, pour que le monde arabe ait une chance de connaître une renaissance, il faut que ses peuples cessent de se livrer à des dictateurs, la plupart du temps incultes, et de les griser d’applaudissements. La formule d’un chef par pays doté de tous les pouvoirs – qui est encore leur lot – n’est plus, au XXIe siècle, celle qui conduit à la renaissance.

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C’est par un essor de la science et des arts que se traduit la renaissance d’un ensemble humain. Pour que les sciences et les arts prospèrent, que les architectes conçoivent et bâtissent, il faut que l’économie fonctionne, que les échanges commerciaux soient libres, que les universités et les laboratoires scintillent et que circulent sans entraves les idées.
Voyez-vous, en Afrique ou dans le monde arabe, un pays ou un ensemble de pays où ces conditions, ou une partie d’entre elles, sont réunies ?

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