Guinée : Beny Steinmetz sera jugé pour corruption au tribunal de Genève

L’homme d’affaires et diamantaire franco-israélien Beny Steinmetz va être jugé devant le tribunal correctionnel de Genève pour corruption et faux dans un dossier portant sur la concession de mines de Simandou entre 2005 et 2010.

Beny Steinmetz le 7 décembre 2009 à Tel Aviv. © Anonymous/AP/SIPA

Beny Steinmetz le 7 décembre 2009 à Tel Aviv. © Anonymous/AP/SIPA

Publié le 13 août 2019 Lecture : 2 minutes.

Dans cette procédure ouverte depuis 2013, le procureur suisse Claudio Mascotto a retenu contre l’homme d’affaires et deux de ses collaborateurs – le français Frédéric Cilins et la belge Sandra Merloni-Horemans – les infractions de « corruption d’agents publics étrangers » et de « faux dans les titres ». La date du procès n’a pas été précisée.

Les prévenus sont accusés d’avoir « versé ou fait verser des pots-de-vin à l’une des épouses de l’ancien président guinéen Lansana Conté en vue de faire évincer un concurrent puis de faire octroyer au Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) des droits miniers dans la région de Simandou », dans le sud-est de la Guinée. Cette mine étant le plus important gisement de fer non-exploité au monde. Les prévenus sont en outre accusés d’avoir fabriqué des faux contrats et des fausses factures pour dissimuler ces dessous de table.

10 millions de dollars de pots-de-vin présumés

Selon le procureur, les pots-de-vin versés s’élèveraient à environ dix millions de dollars. Ces sommes, dont une partie a transité par une société off-shore établie aux îles Vierges et des comptes suisses, auraient permis d’évincer en 2008 par décret présidentiel le groupe minier britannique Rio Tinto, détenteur du permis d’exploitation du site depuis les années 1990.

Cinq mois plus tard, l’homme d’affaires franco-israélien, qui résidait et travaillait à l’époque à Genève, avait obtenu la licence d’exploitation de la mine de Simandou, juste avant le décès du président Conté en 2008.

En 2013, Beny Steinmetz affirmait avoir investi 170 millions de dollars dans cette mine, puis d’en avoir revendu 51 % en 2010 au groupe brésilien de matières premières Vale pour 2,5 milliards de dollars, soit presque 30 fois plus cher, avant de voir sa concessions résiliée par le gouvernement en 2014, pour des soupçons de corruption. Il accusait par ailleurs l’actuel président guinéen Alpha Condé d’avoir orchestré « des machinations » contre lui avec le milliardaire américain George Soros.

Accord à l’amiable

En février dernier, le milliardaire et la présidence guinéenne ont annoncé avoir trouvé un accord à l’amiable, avec le concours de l’ancien président français Nicolas Sarkozy, débouchant sur le retrait des poursuites pour corruption contre Beny Steinmetz en échange de son renoncement à ses droits sur le gisement de Simandou. L’homme d’affaire a en revanche obtenu, avec un partenaire britannique, les droits d’exploitation de Zogota, une mine de fer guinéenne moins importante.

Mais cet arrangement n’a pas mis fin aux poursuites engagées par le ministère public genevois qui devrait requérir des peines allant de deux à dix ans d’emprisonnement. Puisque l’État guinéen s’est retiré de la procédure, il ne demeure plus aucun plaignant dans l’affaire.

La mine du Simandou, quant-à elle, est toujours en attente d’un concessionnaire qui sera choisi par l’État. Un appel d’offre pour la reprise des anciens blocs de Beny Steinmetz a été lancé le 13 juillet dernier, la procédure est ouverte jusqu’au 19 août 2019 inclus.

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