États-Unis/Libye : vers une normalisation diplomatique

Publié le 23 février 2004 Lecture : 2 minutes.

Le colonel Kadhafi continue d’engranger les récompenses de son renoncement aux armes chimiques et nucléaires. Après la visite de Silvio Berlusconi à Syrte, puis la promesse d’un voyage de Tony Blair à Tripoli, la Libye retrouve des relations diplomatiques avec les États-Unis. La nouvelle a été annoncée à Londres, le 10 février, par le ministre libyen des Affaires étrangères Mohamed Chalgham, puis confirmée par le porte-parole de la Maison Blanche Richard Boucher : « Pour la première fois depuis longtemps, nous avons un représentant assigné à Tripoli. » Richard Boucher espère d’ailleurs que « tôt ou tard, et sans doute tôt, les Libyens auront des diplomates à Washington ». Les relations n’avaient jamais été formellement rompues, mais les États-Unis avaient rappelé leur dernier ambassadeur il y a plus de vingt ans, après le sac de l’ambassade par des manifestants.
Pour l’instant, un diplomate américain s’est installé à l’ambassade
de Belgique, qui représente les intérêts des États-Unis. Ce premier pas pourrait annoncer la reprise des relations complètes, et surtout la levée des sanctions et le retour des compagnies pétrolières américaines, le « gros lot » espéré par Mouammar Kadhafi.

Reste à savoir si le président Bush acceptera de réhabiliter totalement l’ex-« État voyou » avant l’élection présidentielle
[de novembre 2004]. Les États-Unis exigent toujours des preuves du désarmement libyen. Le porte-parole de la Maison Blanche a bien précisé que le diplomate présent à Tripoli avait pour mission d’assister des experts en armement américains, qui doivent vérifier le démantèlement du programme nucléaire libyen. Les révélations continuent d’ailleurs de s’accumuler sur les tentatives libyennes de construire un arsenal nucléaire. Après le Pakistan, c’est la Corée du Sud qui aurait été impliquée. Le gouvernement sud-coréen a annoncé hier avoir porté plainte contre une firme sud-coréenne, dont le nom n’a pas été révélé. En juin 2002, selon le ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie, cette société aurait expédié en Libye, à l’insu du gouvernement sud-coréen, quatre machines pouvant servir à l’équilibrage de centrifugeuses, elles-mêmes destinées à l’enrichissement de l’uranium.
Mais selon des sources occidentales, le programme libyen ne serait pas allé très loin. Tous les composants nécessaires à la construction de l’arme nucléaire auraient bien été achetés en grande quantité, mais le programme aurait été si mal géré que l’assemblage n’aurait pratiquement pas démarré. Les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ont eu ainsi la surprise de découvrir des machines toujours emballées dans leurs caisses d’origine. Par ailleurs, les responsables du programme n’ont pas pris le soin de réunir dans les mêmes lieux les programmes civils et nucléaires, rendant impossible une temporisation « à l’iranienne ». Le colonel Kadhafi n’aurait eu d’autre choix que de reconnaître publiquement l’existence de ses ambitions nucléaires.

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