Prolifération nucléaire

Publié le 23 février 2004 Lecture : 3 minutes.

Que signifient ces deux mots barbares ? Qualifient-ils, comme on nous le dit, la plus grande des menaces de notre époque ? Un rappel historique s’impose.
Grâce à des savants européens, les États-Unis ont réussi la fission de l’atome en 1944, construit la première bombe atomique et l’ont utilisée, en août 1945, par deux fois, contre le Japon, introduisant ainsi – grave responsabilité – l’arme nucléaire dans l’Histoire.
Ils ont partagé leur science avec les Britanniques et espéré que les Anglo-Saxons détiendraient pendant longtemps le monopole de cette arme.
Mais l’Union soviétique (dès 1949), puis la France (en 1960) et la Chine (en 1964) forcèrent les portes du club anglo-saxon, qui s’élargit ainsi à cinq membres.
Les États-Unis ont refusé d’aider la France sans toutefois aller jusqu’à tenter de l’empêcher d’accéder au club ; en revanche, ils en sont arrivés à envisager sérieusement de bombarder les installations nucléaires chinoises pour priver Pékin de l’arme atomique : la tentation du club réservé à la race blanche était déjà là.
Les cinq premiers membres de ce club ont sans aucun doute pensé qu’ils pourraient demeurer seuls capables du « feu nucléaire » et, à cette fin, ont élaboré, signé et fait signer, à partir de 1968, par la plupart des pays, mais pas tous, un traité de non-prolifération nucléaire.
Mais, en 1974, l’Inde, voisine et rivale de la Chine, força à son tour les portes du club, contraignant ses « membres fondateurs » à renforcer la ligne de défense contre la « prolifération nucléaire ».
Le Pakistan, frère ennemi de l’Inde, transgressa lui aussi l’interdit. En 1998, avec l’aide intéressée de la Chine, il réussit à se doter de « la bombe » et sera le dernier à y parvenir.

L’Histoire ne le dit pas clairement parce que les coupables n’ont pas avoué à ce jour. Mais il est établi que les trois premiers membres « blancs » du club sont directement responsables de la prolifération nucléaire contre laquelle ils disent vouloir lutter aujourd’hui : ce sont eux qui, en effet, discrètement, mais quasi officiellement, ont transféré la technologie et la capacité nucléaires aux deux « tribus blanches » installées en « territoire hostile et de couleur » : Israël et l’Afrique du Sud (alors gouvernée par la minorité d’origine européenne et… l’apartheid)(*).

la suite après cette publicité

Mais venons-en au présent : il faut, à mon avis, passer sur le fait que quelques pays prétendent à un statut particulier et le dénient aux autres. La sagesse dicte à ces derniers de se résigner à cette injustice – une de plus – mais d’exiger des « nucléaires » une réduction concertée de leurs stocks.
Car le nucléaire militaire (et même le civil, comme l’a montré l’accident de Tchernobyl) est une grave menace pour la planète, et pour nous tous qui l’habitons. On ne peut plus rien, hélas ! contre ceux qui le détiennent, sinon espérer qu’ils n’en usent pas, qu’ils se surveillent et se neutralisent. Mais on doit militer pour que leur nombre n’augmente pas.

C’est l’intérêt supérieur de l’humanité, et ce sont les exemples du Japon, première et seule victime de cette arme, et de l’Allemagne qu’il faut suivre : l’un et l’autre pourraient se doter de l’arme nucléaire s’ils le voulaient, mais s’y refusent bien qu’ils soient, le Japon surtout, menacés par des ennemis virtuels qui en disposent.
Vouloir « se faufiler » dans le club nucléaire, comme l’avait tenté l’Irak de Saddam et comme viennent de s’y essayer l’Iran, la Libye et la Corée du Nord, est aussi dispendieux que vain et dangereux.
Auraient-ils consacré les mêmes efforts et autant d’argent au développement économique, à l’éducation et à la santé de leurs peuples que ces pays en seraient beaucoup plus avancés et s’en porteraient nettement mieux.

Voir « Pleins feux » pp. 28-35 de François Soudan

* Comme pour « signer » racialement cet acte de prolifération, dans le cas de l’Afrique du Sud, ils ont pris soin de faire détruire par la « tribu blanche » sa capacité nucléaire avant de céder le pouvoir à la majorité noire.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires