Nouveau départ pour le Congo-Océan

Plusieurs candidats, dont le français Bolloré et le sud-africain Spoornet, sont sur les rangs pour la reprise de la liaison ferroviaire entre Brazzaville et Pointe-Noire.

Publié le 23 février 2004 Lecture : 3 minutes.

Qui sera le repreneur du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) ? La présentation orale des offres techniques pour la mise en concession du rail congolais a eu lieu les 12 et 13 février, à Brazzaville. Trois candidats ont présenté leur dossier aux membres du Comité de privatisation. Après le retrait, en janvier, de l’indien Rites Ltd., le plus sérieux, sur le papier, semble être le regroupement constitué par les entreprises Bolloré Investissements, Comazar, Maersk et SNCF International.
Bolloré est présent dans l’exploitation des chemins de fer sur le continent (Cameroun, Côte d’Ivoire, Burkina, Madagascar) depuis sept ans. Allié à SNCF International et à Comazar, un spécialiste de l’exploitation ferroviaire en Afrique, il possède une solide expérience dans la création et la maintenance des réseaux. Et puis, le « monsieur Afrique » du groupe n’est autre que Michel Roussin, l’ancien ministre français de la Coopération…
En attendant la décision des pouvoirs publics, de nombreuses voix se font entendre pour dénoncer la trop forte présence des capitaux français dans l’économie du pays. Outre Total, omniprésent dans la filière pétrolière, le groupe Bolloré dispose d’intérêts non négligeables dans les activités portuaires, l’automobile et l’industrie du tabac. Ce qui pourrait constituer un désavantage et favoriser l’un de ses concurrents. Deux candidats sud-africains ont en effet présenté des offres. Alliés pour l’occasion, New Limpopo Bridge Projects Investments et Spoornet disposent d’une bonne expérience en la matière : les deux sociétés ont déjà investi 85 millions de dollars (67 millions d’euros) dans la construction et l’exploitation d’une liaison ferroviaire en Afrique du Sud. Même chose pour le tandem constitué de Sheltam Close Corpo-ration et de Mvela-phanda Holdings Ltd., qui exploite lui aussi un réseau en Afrique australe. À en croire certaines sources, son assise financière serait en outre des plus confortable.
Selon le calendrier établi par le Comité de privatisation, l’heureux repreneur sera désigné le 27 avril, la prise de contrôle de l’entreprise n’intervenant qu’au mois de septembre. La future compagnie, dont le concessionnaire privé possédera 51 % des parts, devrait conserver son nom, conformément au souhait des salariés. Elle aura la charge de l’exploitation et de la gestion des lignes Pointe-Noire-Brazzaville et Pointe-Noire-Mbinda, mais aussi de la maintenance et du renouvellement du matériel roulant, et de la gestion foncière du domaine ferroviaire.
Longue de plus de 510 km, la liaison est vitale pour l’économie congolaise. Le CFCO assure en effet le trafic commercial (avec correspondances vers la Centrafrique, le Tchad, le Cameroun et la RDC) des hydrocarbures, du ciment, des véhicules et de divers produits de base (farine, sucre, cacao, bois, coton). Quand sa réhabilitation sera achevée, les autorités misent sur un fret de 2 millions de t par an. Le CFCO emploie actuellement 2 370 personnes. Ses recettes mensuelles s’élèvent à 1,2 milliard de F CFA. Pendant les guerres civiles (1997, 1998-1999 et même 2002), les installations ont été saccagées dans les quatre départements traversés par le train. Le gouvernement a été contraint de consacrer plus de 6 milliards de F CFA à la reconstruction des ponts détruits. Une somme notoirement insuffisante. En réalité, très peu de rénovations ont été entreprises depuis la mise en service de la ligne, en 1934. « Sur les tronçons les plus délabrés, explique un cheminot, les trains circulent à 10 km/h. On déplore quatre déraillements par mois, en moyenne. »
Sur le plan de la sécurité, les candidats à la reprise sont repartis de Brazzaville à peu près rassurés. Le trafic passagers a redémarré le 25 janvier. Après une tournée dans le Pool, en début d’année, les responsables de la société semblent avoir conclu un accord avec le mouvement rebelle dirigé par le pasteur Frédéric Bitsangou, alias Ntoumi. De source bien informée, celui-ci se serait engagé à ne pas perturber le trafic en échange d’une appréciable compensation financière.
Quoi qu’il en soit, les trains sont désormais escortés conjointement par des gendarmes et par des miliciens rebelles. Les voyageurs ne s’en plaignent évidemment pas. « Nous ne sommes plus obligés de voyager sur le toit ou dans les wagons de marchandises », témoigne l’un d’eux.

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