Le procès de la misère

Publié le 23 février 2004 Lecture : 1 minute.

Du 13 au 19 juillet 1963, la police marocaine a pensé avoir découvert un complot contre la sécurité de l’État. Il est certes du devoir de toute police d’empêcher que l’ordre établi ne soit troublé. Mais il advient qu’à se fier à la politique des indicateurs on en oublie les véritables réalités du pays. Les vrais dangers viennent, en effet, de quatre points :
– Le Lumpenproletariat : ce monde de misère grouille et prolifère à une cadence microbienne, sans travail, sans hygiène, sans nourriture. Il se mettra, un jour, à bouger, à gronder et ce ne sera pas à coups de cordons sanitaires et de barrages de gendarmes qu’on arrêtera ces affamés. Et c’est là assurément que réside le ferment de la bombe à retardement dont on feint d’ignorer l’existence.
– La campagne : elle prend peu à peu conscience de sa misère. Des centaines de milliers de fellahs sans terre ont un revenu journalier par tête avoisinant 0,30 dirham. Dans les régions rurales, le revenu moyen annuel est de 236 dirhams par habitant.
– L’administration : là où une personne pourrait suffire, on en trouve parfois quatre ou cinq. Ayant à remplir un rôle de coordination dans la vie nationale, elle en est devenue la principale activité. De sorte que l’administration, surchargée, fuie par les éléments valables et minée par une corruption florissante, a tendance à accuser une lourdeur excessive, voire une incapacité totale à remplir sa mission.
– La situation financière et économique : elle ne cesse de se détériorer au point que l’inquiétude a atteint l’homme du peuple.

La conclusion est que la politique marocaine mord dans la diversion et néglige le véritable danger. Une erreur comme celle-là est incompréhensible. Et, à notre avis, le Maroc, au lieu de faire le procès de quelques personnes, pour la plupart bien bourgeoisement installées, devrait entreprendre un autre procès, bien plus sérieux, celui de la misère.

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