L’autre bombe du Dr Khan

Publié le 23 février 2004 Lecture : 1 minute.

Depuis que le père de la bombe pakistanaise, le Dr Abdul Qadeer Khan, a été placé en résidence surveillée à Islamabad (voir le « Pleins feux » qui lui est consacré pp. 28-35), des pans entiers du réseau qu’il a constitué pour importer et réexporter matériels et technologies ultrasensibles apparaissent peu à peu au grand jour.
Khan a ainsi bénéficié de fuites et de complicités au sein du consortium anglo-germano-néerlandais Urenco (Uranium Enrichment Company), dont le siège est à Almelo (Pays-Bas), pour lequel il a brièvement travaillé dans les années 1970 et jusqu’en 1984, au moins. C’est-à-dire bien après son retour au Pakistan. Des sociétés belges et allemandes
spécialisées dans l’enrichissement de l’uranium ont également participé à ce marché noir de l’atome, tout comme des intermédiaires privés. Le Suisse Friedrich Tinner et son fils Urs sont ainsi l’objet de toutes les attentions de la CIA en raison des liens qu’ils ont entretenus avec le Pakistan, la Libye et l’usine malaisienne de fabrication de centrifugeuses au sein de laquelle le Dr Khan venait faire son marché.
Autre homme d’affaires mis en cause : l’Israélien Asher Karni, établi au Cap, en Afrique du Sud. Arrêté début janvier à Denver, aux États-Unis, celui-ci est soupçonné d’avoir exporté illégalement, jusqu’à la mi-2003, des détonateurs de bombes nucléaires vers le Pakistan, mais aussi, simultanément ce qui est une sorte d’exploit vers l’Inde. Acheté frauduleusement auprès d’une firme du New Jersey, Giza Technologies, et camouflé dans des conteneurs destinés à des hôpitaux sud-africains, le matériel prenait ensuite la direction du port de Karachi.
Enfin, l’Émirati d’origine sri-lankaise Bukhari Sayed Abu Tahir, qui est en quelque sorte le cerveau financier du réseau Khan, a fini par passer aux aveux, le 19 février à Kuala Lumpur, où la police l’interrogeait depuis une semaine. Première révélation (ou confirmation) : Abdul Qadeer Khan a bien vendu des pièces de centrifugeuses nucléaires à
l’Iran en 1995. Contre 3 millions de dollars en liquide.

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