Entre amis, on se dit tout

Paix au Moyen-Orient, terrorisme, droits de l’homme… Les sujets de discussion n’ont pas manqué lors de la visite du président Ben Ali à Washington.

Publié le 23 février 2004 Lecture : 3 minutes.

Le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali vient d’effectuer sa deuxième visite officielle aux États-Unis. La première remonte à mai 1990. À l’époque, il avait été reçu à la Maison Blanche par George Bush père. Arrivé à Washington le 15 février, le chef de l’État tunisien s’est entretenu pendant une heure, le 17 février, avec le secrétaire d’État Colin Powell, en présence de son ministre des Affaires étrangères Habib Ben Yahia et des ambassadeurs des deux pays. Cet entretien a été l’occasion de souligner la qualité des relations tuniso-américaines, l’apport de la Tunisie à la lutte contre le terrorisme, ses efforts en faveur de la paix au Moyen-Orient et ses réussites en matière économique et sociale. « J’ai également dit au président [Ben Ali] que nous demeurions préoccupés quant aux réformes politiques, à la liberté de la presse et à d’autres domaines dans lesquels, je pense, la Tunisie pourrait faire davantage », a déclaré le secrétaire d’État à l’issue de l’entretien. Et d’ajouter : « La Tunisie est un bon ami. […] Comme avec les bons amis, nous pouvons discuter [de tous les sujets]. »
En marge de la visite, plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) comme Amnesty International, Human Rights Watch et Committee to Protect Journalists, ont critiqué les manquements du gouvernement tunisien en matière de libertés et de droits de l’homme et ont demandé au président Bush d’en toucher un mot à son hôte. La plupart des grands journaux américains, qui se sont fait l’écho de ces critiques, ont rappelé au chef de l’État américain son engagement, réaffirmé solennellement en novembre dernier, en faveur de la démocratie au Moyen-Orient. « Si la démocratie et les droits de l’homme ne peuvent pas faire de progrès dans un pays [comme la Tunisie] avec un niveau appréciable d’instruction, comparativement prospère, ethniquement et religieusement homogène, alors il est peu probable que cela soit le cas dans d’autres pays arabes, qui font face à des défis bien plus grands », a écrit Neil Hicks, directeur des programmes internationaux de Human Rights First, dans une tribune publiée par le Washington Post du 16 février.
« Je suis heureux de pouvoir discuter avec vous de la nécessité d’avoir une presse vivante et libre et un processus politique ouvert », a dit Bush à son hôte au début de leur entretien, le 18 février, à la Maison Blanche. « J’apprécie le fait que vous possédez un système d’éducation moderne et viable et que les femmes jouissent de droits égaux dans votre pays », a-t-il ajouté, précisant que « la Tunisie peut aider le Moyen-Orient à se réformer et à se libéraliser, une chose qui est nécessaire pour la paix à long terme », faisant ainsi allusion à la décision de Washington d’installer dans les locaux de son ambassade à Tunis le bureau régional maghrébin pour la mise en oeuvre de l’initiative américaine de partenariat avec le Moyen-Orient (MEPI).
L’entretien a aussi permis de réaffirmer la qualité des relations tuniso-américaines, qui ont connu un regain d’intensité au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, du fait du soutien actif de la Tunisie à la lutte internationale contre le terrorisme. Les deux présidents ont par ailleurs évoqué la nécessité de relancer le processus de paix au Proche-Orient. La Tunisie, qui avait facilité le dialogue entre Washington et les Palestiniens durant les années 1980, ne cesse d’appeler à la reprise des négociations. Elle multiplie aussi les signes en faveur d’une normalisation de ses relations avec Israël, gelées depuis quatre ans.
L’administration américaine, qui essaie de convaincre les pays arabes de s’associer à ses efforts de pacification de l’Irak, appelle la Tunisie à oeuvrer plus activement pour l’avènement d’un « Irak démocratique et libre », selon l’expression de Bush. Ben Ali, dont le pays s’apprête à accueillir le sommet de la Ligue arabe, prévu pour les 29 et 30 mars prochain, et qui va présider cette organisation pour une année à partir de cette date, ne devrait ménager aucun effort pour aider ses « alliés » à sortir du guêpier irakien.
La rencontre Bush-Ben Ali a confirmé par ailleurs l’intérêt grandissant que Washington accorde à l’Afrique du Nord, une zone située aux portes de l’Europe, de l’Afrique et du « Great Middle East » – lequel s’étend, dans la nouvelle vision stratégique américaine, de la Mauritanie au Pakistan -, qui renferme d’importantes réserves de pétrole et de gaz et constitue un marché de quelque 700 millions de consommateurs potentiels.

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