Chinoiseries parisiennes
Publié le 23 février 2004 Lecture : 1 minute.
Viendra ? Viendra pas ? Aux dernières nouvelles, Gao Xingjian, Prix Nobel de littérature 2000, ne participera pas au Salon du livre de Paris, qui se tient du 19 au 24 mars à la porte de Versailles. Même si les autorités françaises répètent que l’auteur de La Montagne de l’âme (éditions de l’Aube) a « toute sa place » dans une manifestation qui célèbre cette année les lettres chinoises, personne n’est dupe. Né en Chine en 1940, de nationalité française depuis 1998, Gao n’est pas en odeur de sainteté à Pékin. Qu’il y ait eu pression des autorités chinoises ou autocensure des organisateurs, Gao ne fait pas partie des trente-neuf auteurs officiellement invités. Si la plupart de ceux-ci résident en République populaire, trois viennent de Hongkong, et six de Taiwan. Les trois derniers, qui vivent dans d’autres pays (Pays-Bas, États-Unis et Grande-Bretagne), sont d’anciens dissidents. C’est donc déjà un petit exploit que d’avoir réuni des gens d’horizons aussi divers.
Au-delà des controverses, comme le souligne Livres Hebdo du 13 février, c’est une édition et une littérature en plein renouveau que sont invités à découvrir les Français. Plus de 100 000 nouveautés ont été produites en Chine populaire en 2002 (contre environ 50 000 en France). Si l’édition reste officiellement un monopole du secteur public, des centaines de petites structures privées parviennent à s’épanouir à l’ombre des entreprises étatiques. Les romans populaires, parfois à tonalité érotique, ont leur faveur, mais les ouvrages discrètement critiques à l’égard du système sont désormais chose courante.
La relance des réformes économiques en 1992 s’est en effet accompagnée d’un climat plus favorable aux libertés individuelles et à la créativité. Une nouvelle génération d’écrivains s’est engouffrée dans la brèche, portant un regard décomplexé sur une société en mutation accélérée.
