Le Nigeria condamné à payer 9 milliards de dollars à une petite firme gazière
Un tribunal londonien a confirmé une décision d’arbitrage condamnant le Nigeria à la demande de P&ID, une entreprise irlandaise basée aux îles Vierges, pour un projet gazier jamais réalisé. Alourdi par les intérêts, le montant de 9 milliards de dollars correspond à 20 % des réserves de change du pays.
Une petite entreprise gazière, Process and Industrial Developments Ltd (P&ID), fondée par deux hommes d’affaires irlandais et basée aux îles Vierges, a été autorisée vendredi 16 août par un tribunal londonien à entamer une procédure de saisie de près de 9 milliards de dollars d’actifs (8,1 milliards d’euros) auprès des autorités nigérianes. Cela après l’échec d’un projet gazier au Nigeria.
Ces 9 milliards de dollars représentent environ 20 % des réserves de change du pays, ou encore 2,3 % de son PIB, sachant que le Nigeria est la plus importante économie d’Afrique.
2,4 milliards de dollars d’intérêts
Le projet en question remonte à 2010, lorsque P&ID -fondée spécialement pour l’occasion- avait conclu un accord avec le Nigeria pour réaliser une centrale à gaz dans la ville de Calabar, près de la frontière avec le Cameroun. Cet accord prévoyait notamment que les autorités nigérianes fournissent du gaz à P&ID. Ces dernières n’avaient pas rempli leurs engagements et l’entreprise, dont le projet avait dû être abandonné, s’était tournée vers la justice britannique.
Dans un premier temps, le contentieux avait été porté sur le terrain de l’arbitrage, la décision concluant en 2017 que le Nigeria devait verser 6,6 milliards de dollars à la société pour avoir échoué à remplir ses engagements. Cet arbitrage vient d’être converti en « jugement » ou « ordonnance du tribunal », par la décision rendue vendredi 16 août par le juge Christopher Butcher. A cette somme s’ajoutent désormais près de 2,4 milliards de dollars d’intérêts, pour un total de plus de 9 milliards de dollars.
Les avocats représentant le gouvernement nigérian ont annoncé vouloir faire appel de cette décision, ils ont soutenu que le jugement ne devrait pas être exécuté, un tribunal britannique n’étant pas compétent pour juger cette affaire. Ils ont ajouté que le montant en question était « manifestement excessif » car selon eux, les travaux n’ont pas été lancés par la société irlandaise.
L’entreprise P&ID entend pour sa part enclencher « la procédure de saisie d’actifs nigérians (…) aussi vite que possible », a déclaré son avocat, cité par l’agence de presse Bloomberg.
Il est à noter qu’en cours d’affaire, le fonds spéculatif VR Advisory Services, spécialiste des opérations à haut risque, a acquis 25 % de participation dans la société P&ID. Le fonds a depuis engagé -comme il en a l’habitude- des avocats, lobbyistes et cabinets de relations publiques afin de faire pencher en sa faveur la décision des tribunaux concernés.
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