Ce que veut Sharon
Publié le 23 février 2004 Lecture : 1 minute.
Si les Israéliens se retirent de la bande de Gaza, comme semble le suggérer le Premier ministre Ariel Sharon, ce territoire surpeuplé, désespéré, qui s’apparente de plus en plus à une zone de non-droit, risque de devenir le théâtre d’une lutte pour le pouvoir à l’issue de laquelle le Hamas pourrait fort bien l’emporter sur le Fatah de Yasser Arafat. C’est sans aucun doute le scénario dont rêve Sharon : une guerre civile palestinienne débouchant sur une victoire des factions extrémistes. La mise en place d’un régime islamiste à Gaza donnerait davantage de poids à l’argumentation de Sharon, qui affirme qu’Israël doit se maintenir dans les Territoires pour ne pas se retrouver encerclé par des « ennemis décidés à le détruire ».
Sharon a toujours cyniquement tenté de déstabiliser ou de détruire les Palestiniens modérés, bien plus dangereux à ses yeux que les extrémistes. Les premiers veulent négocier la paix, ce que Sharon tente à tout prix d’éviter, car toute résolution du conflit impliquerait qu’Israël rétrocède des territoires ; les seconds, eux, peuvent être traqués et exterminés. « Comment voulez-vous négocier avec quelqu’un qui veut vous tuer ? » se plaît à répéter la droite israélienne.
Pendant ce temps, la construction du mur dans les Territoires se poursuit, tout comme l’établissement de nouvelles colonies. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui se garde généralement de critiquer les gouvernements, s’est fermement élevé la semaine dernière contre le mur israélien, qu’il considère comme une violation du droit humanitaire. Il a ainsi rejoint le président français Jacques Chirac et le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, qui jugent cette clôture illégale. Les Britanniques, historiquement responsables du sort des Palestiniens, et leur Premier ministre Tony Blair sont jusqu’à présent demeurés silencieux.
