RDC : le chinois Huayou annule son investissement dans une mine de cobalt

L’un des principaux fournisseurs chinois de cobalt revient sur un investissement de 66,3 millions de dollars en RDC, en raison de la chute imprévue du cours du métal depuis plus d’un an et demi.

Extraction de cobalt. © Julien Harneis/Wikimédia Commons

Extraction de cobalt. © Julien Harneis/Wikimédia Commons

Publié le 20 août 2019 Lecture : 2 minutes.

À cause de la chute du prix du cobalt, la compagnie chinoise Huayou, spécialisée dans la production de produits chimiques dérivés de ce minerai a annoncé qu’elle faisait marche arrière sur un investissement de 66,3 millions de dollars en République démocratique du Congo, pour le développement d’une mine de cobalt.

En décembre 2017, la firme avait pris une participation de 51 % dans le canadien Lucky Resources Holding Ltd, dont la filière locale New Minerals Investment détient le permis d’exploitation 13235 en RDC. Mais dans un document publié jeudi 15 août à la bourse de Shanghaï, la firme chinoise annonce que « après consultation amicale avec l’autre partie, les deux partenaires ont convenu de mettre fin à cette coopération en matière d’investissement étranger ».

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« La rentabilité a chuté »

Selon le document, la société chinoise n’a jusqu’à présent payé que 9,95 millions de dollars du prix convenu, dont la moitié sera remboursée d’ici septembre 2020 et le reste d’ici juin 2021. « Après la signature, l’environnement du marché a subi un changement assez important, a justifié Huayou dans son communiqué le prix des produits à base de cobalt a fortement chuté et la rentabilité a baissé ».

Le « changement » du marché qu’évoque le communiqué renvoie à la baisse inattendue du cours du cobalt. Depuis 2016, alors qu’émergeait le segment des voitures électriques et autres technologies, le cours du métal avait augmenté de près de 300 % en deux ans, porté par l’espoir de que ces technologies allaient connaître un franc-succès.

Différents acteurs de l’industrie extractive se sont disputé les réserves de cobalt, constituant des stocks, à l’image de Glencore qui a fait l’acquisition de la plus grande mine de cobalt au monde, à Mutanda en RDC. Cet empressement était accéléré par les perspectives de pénuries du précieux métal. Mais le décollage de la filière des automobiles électriques n’a pas été aussi fort que prévu, d’autant plus que la Chine a cessé de subventionner l’achat de ce type de véhicules, ce qui a conduit au fléchissement du cours du métal.

Alors que la tonne de cobalt valait 23 000 dollars en 2016, son prix est monté à 95 000 dollars en mars 2018, pour redescendre à 25 000 dollars au début du mois de ce mois d’août 2019. En raison de cette chute, les investissements ont ralenti et Glencore a suspendu au début du mois d’août son activité à Mutanda pour deux ans, faisant remonter le cours du métal à 30 500 dollars actuellement. Un mouvement de prudence dans lequel s’inscrit la décision du chinois Huayou. Reste à voir dans les mois à venir comment évoluera le cours du cobalt.

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Si elle n’exploite plus le permis 13235, la compagnie chinoise ne quitte pas pour autant la RDC, puisqu’en 2015, elle a repris à la société nationale congolaise Gécamine, le permis d’exploitation des gisements miniers de Luiswishi et de Lukuni (à 20 km au nord de Lubumbashi), dont les réserves étaient alors estimées à 354 000 tonnes de cuivre et 62 900 tonnes de cobalt.

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