Bérenger à Paris

La récente visite en France du Premier ministre – dont la famille est d’origine marseillaise – a confirmé l’excellence des relations entre les deux pays.

Publié le 23 février 2004 Lecture : 3 minutes.

« Je suis comblé, le président Chirac a dit oui à tout. Je n’ai plus assez de mercis ! » Paul Bérenger, le Premier ministre mauricien, était en visite officielle en France du 11 au 14 février. Un séjour symbolique à double titre. Pour son pays, d’une part, puisqu’il s’agit de la deuxième étape des rencontres engagées avec les pays de peuplement de l’île Maurice (Inde, France, Madagas-car, Mozambique, Chine). À titre personnel, d’autre part, puisqu’il revenait pour la première fois sur la terre de ses ancêtres (l’un d’eux quitta Marseille en 1836 pour ce qui s’appelait alors l’île de France).
Reçu au Quai d’Orsay le 11 février par Pierre-André Wiltzer, le ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie (en l’absence de Domi-nique de Villepin, en voyage), Béren-ger a poursuivi sa visite tambour battant : réception au Quai, le même jour, en compagnie de sa fille étudiante à Montpellier ; entretiens avec le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, avec Abdou Diouf, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, et avec Jean-Louis Debré, le président de l’Assemblée nationale, le lendemain ; session de travail au siège du Medef, (l’organisation patronale) ; visite des usines Airbus, à Toulouse ; rencontre avec Thierry Breton, le président de France Télécom (qui possède 40 % de Mauritius Telecom)… En point d’orgue, les 13 et 14 février, le Premier ministre s’est rendu en pèlerinage à Marseille : visite d’Eurocopter et du Port autonome (jumelé à celui de Port-Louis), remise de la médaille d’or de la ville par le maire Jean-Claude Gaudin. Au 5, boulevard des Dames, où vivait le « fondateur » de la lignée mauricienne des Bérenger, il a dîné avec des descendants de la famille, en petit comité (seules sa soeur et sa fille l’accompagnaient).
Avec les membres de sa délégation, Jayen Cuttaree, ministre des Affaires étrangères et du Commerce international, Nando Bodha (Agriculture), Pradeep Jeeha (Technologie informatique et Télécommunications), Béren-ger a pu mesurer l’excellence des relations entre les deux pays. « J’ai été impressionné par l’accueil chaleureux de Jacques Chirac », a-t-il confié.
Celui-ci s’est engagé à soutenir Maurice quand elle demandera à l’Organisation mondiale du commerce d’accorder des traitements spéciaux aux petits États insulaires en développement (Small Island Developping States, SIDS). Une conférence sur ce thème aura d’ailleurs lieu à Maurice, sous l’égide de l’ONU, en septembre. Chirac a également promis son aide sur deux dossiers : l’extension du protocole sucre et la restructuration du textile. Ces secteurs sont menacés par la concurrence de pays (asiatiques, notamment) où la main-d’oeuvre est encore moins chère qu’à Maurice. L’objectif de la création d’un fonds spécial de l’Union européenne pour la restructuration du secteur textile des pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) est confirmé. Chirac s’en est d’ailleurs entretenu, le matin même de sa rencontre avec Bérenger, avec le Premier ministre britannique Tony Blair.
Bérenger a tenu à remercier son hôte pour « ce qu’il fait en Afrique et notamment en Côte d’Ivoire ». Lui-même met tout en oeuvre pour « faire évoluer les choses au Conseil de sécurité des Nations unies et obtenir l’envoi de Casques bleus dans le pays ». Il a insisté auprès de l’ambassadeur américain à Maurice, un ami personnel de George W. Bush, pour qu’il transmette le message… (Voir J.A.I. n° 2248.)
Les deux hommes ont également évoqué différents conflits de souveraineté en cours dans plusieurs îles de l’océan Indien, dont Mayotte. Ce qui leur a permis de parler des Comores, dossier sur lequel ils sont sur la même longueur d’onde. La transition politique et l’évolution de la situation y sont satisfaisantes. « Si l’organisation des élections législatives, en mars et avril prochains, se déroule comme convenu, un grand pas aura été franchi », explique Bérenger. Le sommet de la Commission de l’océan Indien pourrait, dans ces conditions, se tenir aux Comores en avril ou en mai. Chirac n’y est a priori pas hostile, à condition que Bérenger obtienne l’accord des autorités malgaches, initialement pressenties pour organiser ce sommet. On n’en est pas encore là.
Pour l’heure, après l’Inde et la France, le Premier ministre se rendra dans quelques semaines à Madagascar et, par la suite, en Chine et au Mozambique.

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