Asmae Chaâbi

Maire d’Essaouira depuis septembre 2003, cette femme énergique et pragmatique est la première Marocaine à présider une commune urbaine.

Publié le 23 février 2004 Lecture : 2 minutes.

Quelque chose a changé à Essaouira. Un vent nouveau souffle sur l’ancienne Mogador depuis que le maire est une femme une première dans l’histoire du Maroc. Asmae Chaâbi s’est installée dans le fauteuil de présidente de commune urbaine en septembre dernier. Les réunions municipales sont plus animées. Chacun est prié de communiquer. Les présidents-adjoints tiennent des permanences, et les conseillers municipaux vont sur le terrain pour être plus près des besoins de la population. Les services municipaux sont également priés d’intervenir plus prestement pour répondre aux demandes administratives des habitants de la cité maritime.
Asmae est la seule fille de Miloud Chaâbi, le fondateur du groupe (construction, grande distribution) du même nom. Née à Kénitra en 1962 au milieu de sept garçons, cette brune énergique aux traits volontaires a baigné durant toute son enfance « dans un monde masculin ». Ce qui, selon le plus jeune de ses frères, lui a donné cette assurance face « aux hommes et aux postes traditionnellement occupés par eux ». Ne voyant définitivement pas ce « qu’un homme peut faire de plus qu’une femme », elle veille sur son petit monde municipal avec fermeté. Sa mère, « qui gérait la famille avec énergie », et son père lui ont transmis le sens de la gestion. Mais aussi d’autres valeurs. « Mon père est né pauvre et n’a cessé de nous apprendre le partage », confie-t-elle. Ce qui explique la « fibre sociale » qu’elle manifeste aujourd’hui et l’attention qu’elle porte aux plus démunis de sa ville, exactement comme elle le faisait auprès des malades et des personnes âgées quand elle était étudiante en Grande-Bretagne.
Diplômée de l’École polytechnique de Londres en 1985, elle envisage un moment d’étudier les relations internationales à Genève, mais sa terre natale lui manque. Elle rentre et travaille six ans au sein du groupe familial avant de prendre la direction de l’école privée fondée par son père à Rabat en 1991. Les conseils d’administration du groupe ne sont « pas son truc ». Asmae Chaâbi a besoin du terrain pour donner le meilleur d’elle-même. Elle se lance en politique dans la ville qui a vu naître son père et emporte la mairie d’Essaouira sous les couleurs du Parti du progrès du socialisme (PPS). « Grâce à mon réseau, je peux mobiliser des institutions et mettre à la disposition de mes administrés des services que le seul budget de la ville ne permettrait pas de leur offrir immédiatement », explique cette pragmatique.
Entre deux réunions municipales, madame le maire trouve encore le temps de jouer son rôle de mère. Elle n’a pas peur des déplacements et ne manquerait pour rien au monde le conseil de classe de l’un de ses trois enfants, qui vivent avec son époux à Rabat. Son secret ? « Derrière chaque grande femme, il y a un homme », s’amuse-t-elle en prenant quelque liberté avec le proverbe.

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