Vaudevilles à l’ivoirienne

Miroir de la société abidjanaise, les livres de Biton Isaïe Koulibaly rencontrent un franc succès.

Publié le 25 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

C’est l’histoire d’un prêtre, Bob, qui abandonne sa vocation sacerdotale pour les beaux yeux (et le reste du corps) d’une jeune divorcée. On sent dès le début que la donzelle en veut surtout à son compte en banque, car l’ecclésiastique a la chance – ou l’inverse – d’appartenir à une famille très fortunée. De fait, Blandine, son épouse, ne tardera pas à profiter allègrement des moyens financiers de l’ex-prêtre, devenu entre-temps l’un des responsables d’une banque. Et, même si ce dernier ne veut rien voir, il est clair qu’elle le trompe sans vergogne. C’est à l’occasion d’un voyage à Paris, où sa femme roucoule depuis plusieurs mois avec un ministre de son pays, qu’il découvrira le pot aux roses, avant de se résoudre à se séparer de l’infidèle.
Ce roman sentimental a pour cadre une ville africaine imaginaire qui ressemble à s’y méprendre à Abidjan. Et pour cause : Biton Isaïe Koulibaly, l’auteur, s’est imposé en plus de deux décennies comme l’un des meilleurs observateurs de la vie quotidienne dans la métropole ivoirienne. Cet homme de 56 ans a longtemps tenu des chroniques littéraires à la radio et à la télé nationales tout en travaillant aux Nouvelles Éditions africaines (devenues Nouvelles Éditions ivoiriennes). Il collabore aujourd’hui au quotidien L’Intelligent d’Abidjan ainsi qu’au magazine parisien Amina. Il a à son actif une vingtaine de romans et recueils de nouvelles, dont le plus célèbre, Ah ! les femmes, a été publié en 1995 par les éditions Haho de Lomé.
Comme il sied à ce genre de littérature populaire, le pouvoir, la femme, la religion sont ses thèmes de prédilection. Les uns et les autres, convient-il de préciser, n’apparaissent pas sous un jour très reluisant.
Quoi qu’il en soit, comme les feuilletons télévisés qui rassemblent les mêmes ingrédients, ce type de romans à l’eau de rose rencontre un très grand écho en Afrique de l’Ouest. Lancée en 1998 par les Nouvelles Éditions ivoiriennes (filiale du groupe français Hachette), la collection Adornas, dont la recette est largement inspirée par celle qui a fait le succès d’Harlequin en Europe et en Amérique du Nord, connaît un succès sans précédent dans la région. Chaque titre (une quarantaine ont déjà été publiés) se vend à quelque 10 000 exemplaires. Biton Isaïe Koulibaly en a d’ailleurs écrit trois sous le pseudonyme de B. Williams.
Lues au premier degré, ces historiettes, dont le moteur essentiel est la cupidité des femmes et l’infidélité des hommes, peuvent paraître sans grand intérêt. Même si le trait est forcé, cette littérature n’en est pas moins révélatrice des dérives des sociétés africaines contemporaines, où, notamment, l’argent pervertit grandement les relations entre les sexes.

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