Un autre regard sur le monde

Publié le 24 janvier 2006 Lecture : 4 minutes.

A nouvelles ambitions, nouvelle formule. Vingt mois après sa dernière parution, La Revue de l’intelligent fait son retour dans les kiosques. Totalement repensée, elle propose une maquette inédite aussi attractive que pratique, le format plus large permettant une meilleure prise en main et un confort de lecture optimal.
« Nous avons tiré les leçons de nos premières livraisons, qui ont été bien accueillies tant par la presse que par les lecteurs, mais qui ont montré aussi qu’il y avait quelque chose dans la conception qui n’allait pas, explique Jacques Bertoin, le rédacteur en chef. En particulier le livre attaché à la revue, comme le proposait l’ancienne formule. » Lancée en 2003, la publication s’est arrêtée après le quatrième numéro, pour des raisons de coûts liés au poids, notamment pour les numéros vendus à l’étranger.
Renoncer à associer un livre à la revue a permis d’en baisser considérablement le prix. Elle est désormais proposée à 8,90 euros au lieu des 15 d’antan. Autre bonne surprise, la nouvelle maquette qui s’est transformée radicalement. Si la clarté et la modernité de la mise en page sont frappantes, la revue a tenu à garder le même domaine rédactionnel. De fait, elle présente une ligne aussi riche qu’originale fidèle aux priorités de l’équipe qui, se refusant à regarder le monde avec les yeux de Paris ou de la France, tient à se faire l’écho d’autres paroles, d’autres problématiques et d’autres points de vue. « Notre perspective reste la même. Nous désirons traiter des grandes questions du monde tout en prenant l’espace et le temps d’un regard », rappelle Jacques Bertoin.
Une démarche parfaitement illustrée par l’article « Zapping à Pyongyang » dans lequel Juliette Morillot, spécialiste de la Corée du Nord, a décrypté vingt-?quatre heures durant les programmes diffusés par ?la télévision de ce pays.

Dans la même veine, le surprenant papier de Hamid Barrada intitulé « Rêves islamistes » nous fait pénétrer dans l’univers de ces islamistes marocains dont les songes sont censés définir les objectifs. Le percutant portrait de Dick Cheney par François Soudan nous révèle les secrets de la fulgurante ascension d’un petit gars moyen du Wyoming, ex-buveur, ex-électricien, devenu le puissant vice-président des États-Unis. Joséphine Dedet, rédactrice en chef adjointe de la revue, nous dévoile quant à elle les arcanes de l’AKP, le parti (islamiste « relooké ») du Premier ministre turc Recep Erdogan.
Au fil de la lecture, on retrouve la même volonté de voir les choses de l’intérieur, de faire en sorte que le monde si souvent opaque soit plus lisible. À l’image du dossier phare sur le terrorisme qui explore en trente-huit pages les diverses facettes de ce « serpent de la peur ». Au menu : les rouages de la lutte antiterroriste menée par la communauté internationale, la menace de l’attentat nucléaire, la prise en otages et le massacre de onze sportifs israéliens lors des jeux Olympiques de Munich en 1972. Le dossier analyse également les obscures motivations du kamikaze lambda « recruté, endoctriné et entraîné par une organisation qui a désigné la cible et s’efforcera, par la suite, de justifier l’opération par toute une littérature de propagande ou par des vidéos de martyrs que le terroriste aura enregistrées avant sa mort ».
« Informer à la source, c’est pour nous plus qu’une doctrine, c’est presque une posture, explique Jacques Bertoin. Cela dit, nous demandons aux auteurs de rester simples et savoureux. Les illustrations vont dans le même sens. » Cela se ressent à la lecture. « Nous avons obtenu ce résultat grâce à l’excellent travail de notre responsable de l’iconographie, Mathilde Rieussec, une femme passionnée d’histoire et d’art », explique Aldo de Silva, directeur artistique de la revue.

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Ce premier numéro du nouvel élan semble tenir toutes ses promesses. Car tout en restant fidèle à l’identité sérieuse qui caractérise une revue bimestrielle internationale et en donnant la priorité à des articles de fond très fouillés, la publication n’oublie pas pour autant d’« aérer » ses pages. « Nous souhaitons multiplier les rubriques et les espaces de détente », insiste Jacques Bertoin. Ainsi, entre un papier à connotation historique comme « Mao a-t-il tué Zhou Enlai ? », une enquête sur le boom des armées privées ou un document sur Apple, le lecteur peut aussi sourire avec l’interview imaginaire du général de Gaulle menée par Fouad Laroui, voyager en Mongolie via le Carnet de route de l’écrivain Éric Faye, ou encore, grâce à Ian Frazier, revivre l’épopée de Gengis Khan, premier envahisseur de Bagdad.
Sérieuse, tout en étant plaisante et accessible, la revue a pour ambition première de déchiffrer la part sombre de l’univers. D’où son sous-titre, « pour l’intelligence du monde », plus que jamais sa raison d’être.

La Revue de l’intelligent, bimestriel, n° 1, février-mars 2006 (8,90 euros en France, 7 000 F CFA). Vente en kiosque et par abonnement.

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