Présidentielle en Tunisie : cinq choses à savoir sur le candidat Kaïs Saïed
98 concurrents ont déposé leur candidature auprès de l’Instance électorale en vue du scrutin présidentiel anticipé du 15 septembre. Parmi les 30 dossiers retenus, Jeune Afrique vous présente les principaux prétendants.
À 61 ans, le constitutionnaliste Kaïs Saïed brigue la magistrature suprême ; un objectif qu’il avait annoncé à Jeune Afrique en octobre 2018 et auquel il travaille depuis bien plus longtemps. Son ambition : remanier les institutions tunisiennes, afin qu’elles répondent aux revendications non satisfaites de la révolution. L’universitaire à la retraite fustige également une classe politique attachée à ses privilèges.
• Refus des honneurs
Surnommé Robocop pour sa diction saccadée, le candidat à la présidence n’est pas austère qu’en apparence. Il dit refuser les honneurs et rejeter les ors de la République ; ainsi, il prévoit de ne pas s’installer au palais de Carthage et de conserver son mode de vie – de même que son épouse, qui ne bénéficiera pas du statut de première dame, promet-il. Considéré comme patriote, il assure toutefois qu’il ne votera pas, et compte appeler au référendum pour remplacer l’Assemblée par un Parlement de représentants régionaux.
• Conservateur
Très directif et intransigeant, Kaïs Saïed est un candidat mystère qui déclare que se présenter à la présidence « ne rend pas heureux ». Ce conservateur, concurrent indépendant qui a obtenu plus de 30 000 parrainages citoyens, compte sur un fort soutien parmi les jeunes.
Celui qui ne s’exprime qu’en arabe littéraire assure qu’il ne fera pas campagne, et financera ses déplacements sur ses fonds propres. Une démarche qui le distingue de ses concurrents et qui s’est avérée jusque-là payante, à en croire notamment le sondage du cabinet Sigma Conseil de juin, qui le plaçait en seconde position.
• Anti- ou hors système ?
Alors que ses rivaux piaffent d’impatience, celui qui assure faire sa course seul ne participe à aucune joute pré-électorale, et promet un programme basé sur « une totale réorganisation politico-administrative de la pyramide du pouvoir ».
Une volonté d’en découdre avec le système qui lui permet de séduire un électorat islamiste, mais aussi les intransigeants sensibles à ses promesses anti-corruption
Une volonté d’en découdre avec le système qui lui permet de séduire un électorat islamiste, mais aussi les intransigeants sensibles à ses promesses anti-corruption. Alors que l’intéressé s’est affiché avec certains dirigeants du parti salafiste Hizb Ettahrir et d’autres ultra-islamistes, le réel positionnement et l’absence de soutiens politiques de Kaïs Saïed sont mis en doute.
• Pour un pouvoir décentralisé
Vice-président de l’Association tunisienne de droit constitutionnel, Kaïs Saïed s’était démarqué en se retirant du Comité d’experts chargé de réviser le projet de Constitution en 2011. Pressenti pour diriger l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) en 2013, il avait proposé dès 2012 – sans toutefois être entendu – de baser le projet de loi fondamentale sur une inversion totale du système, en donnant un rôle majeur aux régions, et d’en finir avec le pouvoir central.
• Visibilité médiatique
Mis sous le feu des projecteurs à la faveur de l’élaboration de la Constitution adoptée en 2014, il est l’un des juristes les plus sollicités par les chaînes de télévision nationales. Des interventions qui lui ont permis de se créer une renommée académique, malgré une controverse sur le fait qu’il n’a pas le statut de professeur.
En dénonçant les dérives de la transition démocratique, il exprime des positions tranchées sur la situation institutionnelle et les points d’achoppement législatifs à l’Assemblée. Cette visibilité a probablement contribué à en faire l’un des favoris de la course à Carthage.
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