Présidentielle en Tunisie : cinq choses à savoir sur le candidat Hamadi Jebali
98 concurrents ont déposé leur candidature auprès de l’Instance électorale en vue du scrutin présidentiel anticipé du 15 septembre. Parmi les 30 dossiers retenus, Jeune Afrique vous présente les principaux prétendants.
À 60 ans, Hamadi Jebali a roulé sa bosse au sein du parti à référentiel islamique Ennahdha, avant de le quitter en 2014, un an après avoir démissionné de son poste de chef du gouvernement. Cet ingénieur mécanique de formation, spécialiste du photovoltaïque, est depuis candidat indépendant à la magistrature suprême.
• Nahdaoui contrarié
Il a longtemps été l’un des piliers du parti conservateur Ennahdha. Natif de Sousse, sur la côte est, Hamadi Jebali a suivi des études supérieures d’ingénieur en France. De retour en Tunisie en 1978, il prend rapidement la tête du Mouvement de la tendance islamique (MTI), ancêtre d’Ennahdha, lorsque ses autres leaders sont arrêtés. En 1983, les autorités tunisiennes découvrent les structures clandestines du MTI. Il fuit alors pour s’exiler en France, avant d’être autorisé à revenir au pays quatre ans plus tard.
Membre du bureau politique, puis très brièvement député, c’est lui qui sera choisi par Ennahdha comme chef du gouvernement en 2011, après la légalisation et la victoire de sa formation à l’élection de l’Assemblée constituante. Il occupe le poste jusqu’en 2013. À la suite de l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd, il propose en effet de former un nouveau gouvernement de technocrates contre le gré de son parti, et finit par démissionner. Il quitte Ennahdha un an plus tard.
• Incarcérations
Hamadi Jebali a été plusieurs fois visé par les précédents régimes pour son appartenance à la mouvance islamiste. En 1984, sous la présidence de Habib Bourguiba, il est condamné à mort à la suite d’un attentat contre des hôtels qui font 13 blessés à Sousse – les deux assaillants appartiennent à une branche dissidente du MTI. Sous la pression intérieure et internationale, la peine ne sera pas exécutée.
En 2002, il mène une grève de la faim, et doit attendre 2006 avant d’être gracié. Il recrée alors clandestinement le bureau exécutif d’Ennahdha
En 1989, il est condamné à 12 mois de prison pour diffamation, alors qu’il est rédacteur en chef d’Al-Fajr, le journal d’Ennahdha. Trois ans plus tard, un nouveau couperet tombe, beaucoup plus lourd : seize ans d’emprisonnement, pour appartenance à une organisation illégale. En 2002, il mène une grève de la faim, et doit attendre 2006 avant d’être gracié. Il recrée alors clandestinement le bureau exécutif d’Ennahdha. Malgré la surveillance policière, il organise des réunions secrètes.
• Les deux points noirs de son mandat
L’ex-chef du gouvernement a vu certaines de ses décisions contestées. Principal accroc de son mandat (de décembre 2011 à mars 2013) : la décision d’extrader, en juin 2012, l’ancien Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi. Et ce, sans prévenir le président de la République de l’époque, Moncef Marzouki, dont c’était pourtant la prérogative. L’affaire a fait grand bruit, d’autant plus que les conditions n’étaient pas réunies en Libye pour garantir un emprisonnement sûr ni un procès équitable à l’ex-dignitaire du régime de Kadhafi. Une véritable crise pour la Troïka – coalition avec deux autres partis, le Congrès pour la République (CPR, conservateur et droit de l’hommiste) et Ettakatol (social-démocrate).
Sa gestion des manifestations de Siliana en novembre 2012 a aussi été critiquée. La nomination d’un gouverneur inaccessible pour ses concitoyens, dans cette ville délaissée située au sud-ouest de Tunis, provoque d’importantes manifestations. Jebali reste intransigeant. La protestation se durcit, et une répression s’ensuit. Les policiers tirent sur les manifestants.
• Réseaux
En contact avec des représentants d’organisations internationales et d’ambassades, il a longtemps géré les relations extérieures d’Ennahdha. Sa ligne : présenter les combats de sa formation en matière de défense des droits de l’homme et d’appel à la démocratisation.
Depuis son retrait de la politique en 2014, il fait partie du club de Madrid
En prenant la tête du gouvernement en 2011, il parvient à partager les ministères au sein de la Troïka. Depuis son retrait de la politique en 2014, il fait partie du Club de Madrid, organisation rassemblant quelque 90 anciens chefs d’État et de gouvernement d’une soixantaine de pays, qui se penche sur les problématiques de gouvernance démocratique et de réponse aux conflits politiques.
• « Au-dessus des partis »
Candidat indépendant, il qualifie de définitif son choix de quitter Ennahdha. Son désaccord portait notamment sur la gestion interne du mouvement. Il assure n’avoir jamais voulu créer sa propre formation après sa rupture avec ce dernier, évoquant le « désaveu de l’opinion publique vis-à-vis des partis et des politiciens », et soulignant le risque de dispersion des voix entre des structures trop petites.
À défaut de mouvement officiel, il s’appuie sur des proches de confiance. Son noyau dur se trouve dans sa ville de Sousse, où il organise des « discussions » avec « un groupe de réflexion ». Il appelle à élire un président « au-dessus des partis, qui représente tous les Tunisiens ».
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