Retrouvailles avec le Portugal

Le 11 juin prochain, en Allemagne, l’équipe nationale fera ses premiers pas en Coupe du monde.

Publié le 25 janvier 2006 Lecture : 3 minutes.

Ils ont pour surnoms Lama, Gilberto, Mendonça, Manuel et Mantoras. Ils sont angolais. Le 1er avril 2001, à Addis-Abeba, ils ont été sacrés champions d’Afrique des moins de 20 ans. Trois mois après, en Argentine, ils disputaient le Championnat du monde de la catégorie et accédaient au second tour de la compétition. Depuis, ils font partie des Palancas negras (les « Antilopes noires », nom de la sélection angolaise). Le 11 juin prochain, ils feront à Cologne leurs premiers pas en Coupe du monde. Que de chemin parcouru depuis octobre 2003, lorsque ces ex-juniors, qui, pour leurs débuts dans les éliminatoires du Mondial, s’inclinèrent lourdement 1 but à 3 face au Tchad !
L’entraîneur de l’équipe, le Brésilien Ismaël Kurtz, fut limogé et la Federação Angolana de Futebol (FAF) désigna, pour lui succéder, Luis Oliviera Gonçalves (50 ans), qui n’est autre que l’artisan du triomphe d’Addis-Abeba. Le 16 novembre 2003, les Antilopes noires sont parvenues à renverser la vapeur au stade de la Cidadela de Luanda et, depuis, elles multiplient les bonnes performances. Elles ont tenu l’Algérie en échec à Annaba, battu les Super Eagles du Nigeria à Luanda ?(1-0), dominé le Gabon et le Zimbabwe. Le 8 octobre 2005, un but arraché par leur capitaine Fabrice Maceio « Akwa » leur a même permis de vaincre le Rwanda à Kigali, de coiffer au poteau leurs rivaux nigérians et d’arracher leur billet pour l’Allemagne.
Gonçalves a bâti une formation réaliste et efficace en s’appuyant sur ses anciens élèves et sur de nouveaux talents, qu’ils soient locaux (comme Jamba, Lebo Lebo ou Yamba) ou expatriés (comme Akwa, Freddy, Figueiredo, João Pereira, Maurito ou André « Titi » Buengo). « Les entraîneurs nationaux, affirme Gonçalves, connaissent mieux la mentalité des joueurs africains que leurs homologues étrangers. Cela va de soi. » Gilberto, milieu de terrain de la sélection et professionnel au Nadi Al-Ahly du Caire confirme : « Le Mister nous accorde le respect dont nous avons besoin et, en retour, nous donnons le meilleur de nous-mêmes. Il connaît nos problèmes et sait comment les résoudre. » Une solidarité qui s’exprime parfois de façon inattendue : lorsque le président Dos Santos lui a offert une prime de 1,3 million de dollars, l’entraîneur l’a partagée avec ses joueurs.
Un challenge difficile attend, dans cinq mois, les Palancas negras : pour leur entrée en Coupe du monde, ils affronteront le Portugal et tenteront, par la même occasion, d’effacer un fâcheux souvenir. Le 13 novembre 2001, le Portugal recevait, en match amical, l’Angola au stade José-Alvalade à Lisbonne, devant 15 000 spectateurs, en majorité des supporteurs angolais.
Tout avait pourtant bien débuté pour les visiteurs, qui ouvrent la marque dès la première minute. À la 12e minute, une altercation met aux prises le Portugais Pauleta et son garde-corps Yamba Asha. Les deux hommes récoltent chacun un carton jaune, à la fureur des Angolais, qui réclament l’expulsion de Pauleta. Petit à petit, les incidents se multiplient. Les gestes d’anti-jeu aussi. L’arbitre français Pascal Garibian sort deux cartons rouges à l’intention d’Asha et d’Estrela Wilson. Puis, devant la recrudescence d’actes irréguliers, il expulse deux autres Angolais, Franklim et Antonio Neto. Le Portugal mène par 5-1 lorsque l’Angolais Vicente, blessé, quitte le terrain. Comme l’entraîneur des Palancas negras, Mario Calado, a déjà effectué tous ses remplacements (six en tout), l’arbitre est contraint de stopper la partie à la 67e minute, les Angolais n’étant plus que six sur la pelouse. La sortie du stade est houleuse. Une émeute éclate et la police procède à l’arrestation de 500 supporteurs.
« Je suis triste, déclare Pascal Garibian à l’issue du match, d’avoir dirigé une telle rencontre, mais je suis soulagé qu’aucun joueur ne se soit blessé gravement. De toute ma vie, je n’ai jamais vu ça. » Les Angolais, joueurs et officiels, présenteront bien plus tard des excuses à leurs hôtes tout en réitérant leurs critiques envers l’arbitre. « Um trista final de noite », s’indigna le quotidien lisboète A Bola. Est-il besoin de traduire ? Plusieurs protagonistes de cette triste nuit portugaise vont se retrouver sur la pelouse de Cologne : Figo, Nuno Gomes, Paulo Sousa et Pauleta côté portugais ; Mendonça, Mantoras, Akwa et André côté angolais. Yamba Asha risque d’être absent. Accusé de dopage, lors de la rencontre Rwanda-Angola, il est sous le coup d’une longue suspension par la Fifa.

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