Nigeria : malédiction pétrolière

Publié le 25 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

L’année commence très mal pour l’exploitation pétrolière au Nigeria. Les marécages du Delta du Niger, principale région productrice du pays, ont été le théâtre d’attaques armées successives contre les plates-formes et les oléoducs. Et, au 19 janvier, on était toujours sans nouvelles des quatre employés de la compagnie Shell kidnappés le 11 janvier. Le Mouvement pour l’émancipation du Delta du Niger a réitéré, le 17 janvier, ses menaces contre toutes les firmes pétrolières. En 2003, les attaques avaient entraîné une fermeture des vannes pétrolières à hauteur de 40 % de la production. On n’en est pas encore là, mais au rythme où vont les choses, on risque de dépasser 10 % de pertes (200 000 barils par jour).

Les moyens militaires dont disposent les rebelles – armes lourdes, Zodiac – témoignent de leur détermination à s’opposer par la force à la tentative du président Olusegun Obasanjo de modifier les règles de partage des royalties au profit de l’État fédéral et au détriment des 36 États régionaux, en particulier celui du Delta du Niger, qui perçoit actuellement 13 % de la rente. Telle est la face cachée de la contestation actuelle.
Après une trentaine d’années de régime militaire ultracorrompu, le Nigeria vit, depuis 1999, sous le règne de la démocratie électorale. Réélu en 2003, Obasanjo ne devrait pas se représenter en 2007, ce qui promet une belle empoignade pour la succession et pour le partage du « gâteau » : 53 milliards de dollars de recettes pétrolières en 2006, et autant en 2007.

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Les réformes entreprises cahin-caha par le chef de l’État – réduction des subventions, réaffectation des ressources au profit des couches défavorisées, lutte contre le crime organisé (vols de plusieurs milliers de barils par jour), lutte contre la corruption – ne plaisent pas aux potentats locaux dans un pays aux deux cents ethnies. Le legs des régimes militaires est encore très lourd. Selon la Banque mondiale, une infime minorité (1 % de la population) a profité de 80 % des recettes pétrolières encaissées depuis l’indépendance, en 1960. Résultat : le 8e producteur mondial d’or noir a aujourd’hui un revenu par habitant équivalent à celui de Haïti (390 dollars). Et le pays le plus peuplé du continent (130 millions d’habitants) affiche un PIB égal à celui des Émirats arabes unis (5 millions d’habitants). Le niveau de vie des Nigérians est inférieur à ce qu’il était en 1960. Pendant ce temps, des dizaines de milliards de dollars dorment paisiblement dans des comptes offshore.

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