La RDC face au défi du coût de la gratuité scolaire

Les autorités congolaises se retrouvent face au défi écrasant du coût de la gratuité de l’école primaire publique, après l’avoir promise pour la rentrée du 2 septembre.

Une élève dans une salle de classe le 7 septembre 2016 à Kinshasa. © AFP

Une élève dans une salle de classe le 7 septembre 2016 à Kinshasa. © AFP

Publié le 25 août 2019 Lecture : 2 minutes.

« Le coût gobal de la gratuité pour l’année budgétaire 2020 est estimé à 4 225,346 milliards de francs congolais (2,64 milliards de dollars) », indique le rapport des experts qui ont bouclé samedi à Kinshasa une deuxième « table ronde sur la gratuité dans l’enseignement de base ».

À elle seule, cette somme représente plus de 40% du budget de l’État pour l’année en cours, chiffré à un peu moins de six milliards de dollars pour 80 millions d’habitants. Ce budget 2019 ne prévoit pas de financer la gratuité de l’enseignement primaire public pour les quatre derniers mois de l’année.

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Le rapport suggère une mise en oeuvre « de manière progressive » de la gratuité des frais scolaires dans le primaire.

Mais à dix jours de la rentrée, les autorités congolaises veulent vite matérialiser une mesure prévue par la Constitution, et reprise par le nouveau président de la République Félix Tshisekedi lors de son discours d’investiture le 24 janvier.

« Cette gratuité commence avec l’année scolaire 2019-2020. Je vous le confirme, c’est la volonté du président de la République et cela va se faire. Toutes les dispositions sont prises », a dit à l’AFP le ministre par intérim de l’Enseignement primaire, Emery Okundji.

Pour le financement, le rapport suggère « l’instauration d’une taxe sur les ressources naturelles » en RDC, producteur de cobalt, de cuivre, de coltan…

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« Il y a des pistes des solutions que nous allons exploiter », a dit le ministre par intérim (dont nul ne sait s’il figurera dans le gouvernement que le nouveau président Tshisekedi prépare depuis sept mois).

Sur le terrain, les parents sont partagés entre l’espoir et la prudence. En août 2016, la première « table ronde » sur la gratuité de l’enseignement primaire dans les écoles publiques n’avait rien donné.

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À Kinshasa, les parents ont reçu pendant les vacances scolaires une demande d’acompte allant de 100 000 à 150 000 francs congolais (62,5 à 90 dollars) pour inscrire leur enfant à l’école primaire du quartier résidentiel de la Gombe, a constaté l’AFP.

Le montant total des frais scolaires demandés s’élève à 220 000 fc (137,5 dollars).

Les experts de la table-ronde demandent aux gestionnaires des écoles publiques de « rembourser immédiatement les frais d’acompte et autres frais perçus auprès des élèves dans les établissements publics d’enseignements concernés par la gratuité ».

« Je doute fort pour cette année »

« Je ne veux pas être pessimiste, mais je doute fort pour cette année », assure Patrick Matebeka, grand frère de deux soeurs inscrites à l’école primaire EP1 Gombe, interrogé sur la gratuité de l’enseignement primaire dans le public.

« Si la décision n’est pas respecté, cela me fait mal », poursuit Matthieu Zola, père de quatre enfants dont un inscrit à l’EP1 Gombe. « On me paye 150 dollars: comment je peux faire étudier les enfants ? ».

Les parents doivent aussi payer les fournitures scolaires. Dans son discours d’investiture du 24 janvier, le président avait dénoncé le fait que les parents d’élèves doivent « payer le salaire des enseignants ».

La RDC « reste l’un des pays avec le plus grand nombre d’enfants non scolarisés », notait en mai le Partenariat mondial de l’éducation (PME).

« On estime que 3,5 millions, soit 26,7 % des enfants en âge de fréquenter le primaire, ne sont pas scolarisés », ajoute cette structure d’aide à l’éducation dans les pays pauvres.

La RDC a tout de même progressé, avec 70% d’élèves achevant le primaire en 2014 contre 29% en 2002, d’après le PME.

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