Cameroun : les sécessionnistes lancent une nouvelle opération controversée de « lockdown »

Les villes des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont complètement paralysées lundi. Les activistes sécessionnistes y ont décrété trois semaines de villes mortes et entendent ainsi empêcher la rentrée des classes prévue le 1er septembre.

Un poste de contrôle sur la route Douala – Buea, à quelques kilomètres de la ville, durant l’opération « ville morte » fin juillet 2018. © Franck Foute pour JA

Un poste de contrôle sur la route Douala – Buea, à quelques kilomètres de la ville, durant l’opération « ville morte » fin juillet 2018. © Franck Foute pour JA

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 26 août 2019 Lecture : 2 minutes.

Les rues des principales villes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont désertes ce lundi 26 août. À Bamenda comme à Buea, les derniers habitants présents dans les deux capitales régionales anglophones, en proie à un conflit armée, sont restés calfeutrés chez eux, répondant ainsi l’appel d’un « lockdown » du 26 août au 16 septembre, annoncé dès le début du mois d’août.

« C’est pire que ces dernières semaines, où les activités étaient timides les jours de villes mortes (qui se déroulent généralement le lundi en zone anglophone). Contrairement aux autres lundis, il n’y a absolument personne dans les rues, même pas à l’intérieur des quartiers. Les menaces de représailles ont été prises très au sérieux », explique un habitant de Bamenda joint par Jeune Afrique.

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Trois semaines de « Lockdown »

Sur des prospectus diffusés sur les réseaux sociaux, les sécessionnistes à l’origine de ce boycott appellent à poursuivre ce lockdown sans discontinuer jusqu’au 16 septembre prochain. Un record depuis le début de la crise il y a trois ans. Deux pauses seront cependant observées les weekends du 7 au 8 et du 14 au 15 septembre afin de permettre aux populations de se ravitailler, précise la même source.

Pour ces activistes, l’objectif est d’empêcher la rentrée scolaire prévue le 1er septembre. Une réponse au gouvernement et à certains acteurs de la société civile, engagés dans une opération baptisée « Back to school campaign » (campagne de retour à l’école, en français). L’objectif était la reprises des cours dans ces régions, après près de deux ans d’interruption. « L’école ne pourra reprendre que lorsque la sécurité sera complètement revenue sur le terrain, et ce devra être une évolution consentie après négociation », a commenté l’activiste Marc Bareta sur son compte Facebook, pour justifier la position des sécessionnistes.

Exode massif de la population

Mais au sein de la population locale, l’annonce d’un nouveau lockdown a été très peu appréciée. D’aucuns ont encore en mémoire, le triste souvenir de ce confinement imposé au mois de mai dernier pendant dix jours, pour empêcher la célébration de la fête nationale. S’en était suivi des combats ayant fait plusieurs victimes

Dans les faits, de nombreux habitants ont choisi de migrer en masse vers les villes francophones, par crainte de se retrouver pris au piège de ce mouvement de protestation. Des familles entières ont ainsi déferlé dans les agences de voyage, provoquant une inflation immédiate des prix de transport. « Le ticket de voyage entre Bamenda et Bafoussam est passé de 1 500 F CFA (environ 2,30 euros) à 6000 F CFA, il faut débourser 6 000 F CFA supplémentaires pour quitter de Bafoussam pour Yaoundé. Soit un total de 12 000 F CFA pour une distance qui coûtait 6 000 F CFA il y a encore quelques jours », a confié un passager.

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Le nouveau lockdown devrait aggraver la crise de l’éducation qui frappe les régions anglophones depuis le début du conflit. Selon des chiffres publiés par l’ONU en février dernier, 4437 écoles avaient été fermées en raison des violences. Selon la même source, près de 600 000 enfants seraient aujourd’hui non scolarisés, soit près d’un élève sur trois. Ce qui fait du secteur de l’éducation, l’un des plus touchés par les affres du conflit.

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