Kenya : une enquête sur l’ancien opérateur public Telkom gèle sa fusion avec Airtel

La fusion entre les filiales kényanes d’Airtel et de Telkom est suspendue à une enquête sur des faits de corruption. Les autorités s’interrogent sur d’éventuelles pertes d’actifs et de fonds publics lors des acquisitions successives de parts de l’opérateur, notamment par France Telecom, aujourd’hui Orange, en 2013.

Publicités pour Airtel dans une rue de Nairobi, au Kenya. © Sayyid Azim/AP/SIPA

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Publié le 27 août 2019 Lecture : 2 minutes.

Annoncée en février dernier, la fusion entre l’opérateur Airtel Kenya (filiale du géant indien Bharti) et Telkom Kenya a finalement du plomb dans l’aile. Ces deux poids lourds du secteur qui cherchent à concurrencer le leader kényan Safaricom (62,4 % de part de marché), voient leur projet entravé par deux enquêtes, dont l’Autorité des communications kényane (AC) attend les conclusions pour autoriser la fusion.

L’une, menée par l’Agence d’éthique et de lutte contre la corruption (EACC), cherche à établir si des fonds publics n’ont pas été perdus en 2013, lorsque le Trésor a cédé la propriété de Telkom Kenya à l’opérateur France Telecom, devenu Orange, avant que ce dernier ne revende, en 2016, ses parts au fonds de capital-investissement Helios Partners. Celui-ci détient désormais 60 % de l’opérateur, et le gouvernement kenyan détient les 40 % restants.

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L’autre enquête, également menée par l’EACC, s’intéresse à la manière dont la fusion Airtel-Telkom a été négociée, étant donnée la perte potentielle d’actifs clés et de fonds publics pour l’État. Telkom qui est l’un des plus grands propriétaires fonciers du pays (du fait de son ancien statut de société d’État), a en effet mis en vente pour 33,1 millions d’euros une partie de ses terres réparties dans tout le pays, afin de lever des fonds pour contribuer à la fusion à venir.

Caractère « d’intérêt public » des enquêtes

En 2018, l’opérateur détenu par Helios Partners avait notamment vendu ses 723 mâts de télécoms à la société American Tower Company pour 147 millions d’euros, selon les données de l’organisme américain de contrôle des marchés financiers.

Dans une lettre du 14 août dernier, adressée au régulateur (consultée par le quotidien national Business Daily), Twalib Mbarak, PDG de l’EACC affirme que son agence « enquête sur une allégation de détournement de fonds publics dans le cadre du processus de recapitalisation et de restructuration du bilan de Telkom Kenya en 2012, et de la fusion actuelle de Telkom Kenya avec Airtel Kenya ».

Ainsi, en raison du caractère « d’intérêt public » des enquêtes, il sollicite l’autorité pour qu’elle « suspende le processus de fusion, dans l’attente des résultats ». Requête acceptée par l’AC, qui a indiqué que « l’autorisation [de la fusion] ne sera accordée que lorsque toutes les conditions fixées par l’Autorité auront été remplies et que la transaction aura été autorisée par l’EACC ».

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L’enquête est en cours

Des fonctionnaires, cadres de Telkom Kenya (notamment son directeur général Mugo Kibati), du Trésor public, de l’AC et de l’autorité de la concurrence vont être interrogés par l’EACC, indique Business Daily. L’opérateur a d’ailleurs déclaré le 26 août avoir fourni à l’EACC tous les documents pertinents concernant la cession de ses actifs en 2012.

Reste désormais à voir si les investigations permettront, ou non, cette fusion. Si celle-ci se produit, la co-entreprise Airtel-Telkom réunira 34 % des parts du marché des télécoms kényan, selon les derniers chiffres de l’AC.

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