Foot africain : la Fifa mène le jeu
Jeudi 2 juin 2005, sur les hauteurs de Zurich, à la Fifa House, quatorze des seize membres du Comité exécutif de la CAF (Confédération africaine de football) se pressent autour du maître des lieux, Joseph Blatter, et posent pour la photo souvenir. Oubliées, la candidature d’Issa Hayatou, patron de la CAF, à la présidence de la Fifa (Fédération internationale de football association), en 2002, et la déroute électorale essuyée par le Camerounais, à Séoul, lors du Congrès de la Fifa : 139 voix pour Blatter, contre 56 pour Hayatou. Un échec cinglant qui mit fin à des ambitions démesurées et entraîna un repli en rase campagne.
Le Mondial 2006 allait aussi permettre au président de la Fifa de réaffirmer sa préséance. Tout en proclamant : « Priorité absolue à la Coupe du monde ! » Blatter consent à prendre la Coupe d’Afrique des nations (CAN) en stop, proposant de coupler les qualifications pour le Mondial et la CAN. L’offre ne pouvait qu’être acceptée. Désormais, la Fifa va tenir la barre : si elle laisse le soin à la CAF de désigner les officiels des matchs, elle prend en charge tous leurs frais. Et se préoccupe aussi de la sécurité dans les stades africains : sa vigilance assura la pleine régularité sportive des éliminatoires.
Au plan administratif, Jérôme Champagne, conseiller de Blatter de 1999 à décembre 2002, puis secrétaire général adjoint de la Fifa en charge des relations avec les associations nationales jusqu’en novembre 2005, a multiplié, de son côté, les interventions pour arbitrer ou dénouer les conflits à répétition entre des fédérations et leurs autorités politiques de tutelle et faire respecter les statuts de la Fifa.
Quant à Blatter, il n’a cessé de sillonner le continent. Le 13 janvier 2005, il est reçu à Pretoria et décoré par le président Thabo Mbeki de l’Ordre des compagnons d’Oliver Tambo (parmi les récipiendaires de cette distinction, réservée à toux ceux qui ont combattu l’apartheid, citons Kwame Nkrumah, Martin Luther King et Kofi Annan).
Du 10 au 14 avril, puis du 19 au 22 juillet, il effectue une tournée en Afrique centrale et orientale. Il visite, projets Goal en mains, des pays sportivement déshérités. « Joseph Blatter, lui lança, à Bangui, Abdou Karim Meckassoua, le ministre centrafricain des Sports, vous êtes blanc, vous êtes suisse, mais vous avez permis le développement du football en Afrique. »
Le 12 septembre, il donne, dans un palace de Marrakech, le coup d’envoi du 55e Congrès de la Fifa – le premier en Afrique – et annonce qu’il lancerait de « nouvelles initiatives spécialement conçues pour l’Afrique » à l’occasion de la Coupe du monde 2010. Le 21 novembre, il est à Johannesburg, où il se joint à Thabo Mbeki pour donner les premiers coups de pelle sur le site du nouveau siège de la Safa (South African Football Association). D’un coût estimé à 10 millions de dollars, le bâtiment sera édifié grâce à un préfinancement de la Fifa. Le 18 janvier dernier, le président Blatter s’adresse à l’assemblée générale de la CAF réunie au Caire et confirme le lancement, pour le 9 juillet, du projet « Gagner en Afrique avec l’Afrique ». Financé par plusieurs fondations internationales, il a pour objectif premier de freiner l’exode des footballeurs africains.
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