Fernando Alvim, agitateur d’idées

Le fondateur du Centre d’art contemporain d’Afrique australe crée l’événement à Luanda.

Publié le 24 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

On a pu voir ses uvres l’an dernier à Londres et à Paris, dans le cadre de l’exposition d’art contemporain Africa Remix. Mais Fernando Alvim n’est pas un nouveau venu, loin de là. Il expose pour la première fois ses uvres à l’âge de 16 ans. C’était en 1979, quatre ans après l’indépendance du pays. Caluanda jusqu’au bout des ongles, Fernando assure que son adolescence a été bercée par le côté poète des leaders du panafricanisme et de la négritude. D’Agostinho Neto à Léopold Sédar Senghor, d’Aimé Césaire à Amilcar Cabral.
Son amour pour l’art le convainc que la créativité ne passe pas par un cursus universitaire étoffé. Pour preuve, l’expression artistique la plus éloquente sort des musseque et des quartiers populaires. Fernando Alvim quitte Luanda à 25 ans pour Bruxelles, après avoir fondé avec d’autres peintres angolais l’Union nationale des arts plastiques. En exil, il vient très vite aux installations et à l’art vidéo avec le souci constant de l’espace. Il crée dans la capitale belge le Sussuta Boé, une galerie où il expose ses uvres et celles de ses contemporains africains, puis se consacre à un autre projet artistique appelé Camouflage, où se déclame à longueur d’année les preuves de l’apport africain à la civilisation humaine, « dans un idéal de générosité et non de confrontation », précise-t-il.
En 1997, il s’installe en Afrique du Sud et y lance deux projets majeurs : Memorias intimas marcas, un espace consacré à la mémoire du conflit entre l’Angola et l’Afrique du Sud de l’apartheid et le Centre de l’art contemporain d’Afrique australe (CCASA). Il ne s’arrête pas à cette partie du continent. En 2001, il crée à Nairobi un centre identique consacré à l’Afrique orientale. Son obsession de l’espace l’amène à initier le projet Soso, un système culturel expérimental pour l’aménagement des villes africaines. Parallèlement à ces activités créatives, il tourne une dizaine de films consacrés à l’esthétique africaine qui font le tour du monde.
La triennale de Luanda, dont la première édition s’est tenue en novembre 2005, n’est pas uniquement une manifestation ponctuelle avec des expositions, des projections de films et des concerts. Elle s’inscrit dans le temps et prétend à l’aménagement spatioculturel de la ville. « Il ne s’agit pas seulement de reconstruire ce qui a été détruit par la guerre, mais de penser à l’ordonnancement de la vie urbaine par la création d’espaces consacrés à la perspective poétique », dit-il fièrement en montrant les photos des galeries d’art créées à Luanda à l’occasion de la triennale.

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