Dawda Jawara, le premier président de la Gambie est décédé
Le premier président de la Gambie indépendante, Dawda Jawara, renversé en 1994 lors du putsch mené par Yahya Jammeh, est décédé mardi à l’âge de 95 ans.
« C’est avec regret que j’ai appris la disparition de l’ancien président Sir Dawda Jawara, décédé à l’âge de 95 ans », a déclaré sur Facebook et Twitter l’actuel chef de l’État Adama Barrow. Il a déploré « une grande perte pour le pays en particulier et pour l’humanité en général ».
Les drapeaux seront mis en berne, ont indiqué le ministre de la Pêche, James Gomez, ainsi que la présidence. Les funérailles d’État de Dawda Jawara se dérouleront jeudi à partir de 16H00 GMT à l’Assemblée nationale.
Sir Dawda has lived a life that epitomises peace, tolerance, respect, and patriotism. His time as president has put the country on the path of development at both human and institutional standards. His legacy as the father of the nation shall forever live on.4/5
— State House of The Gambia (@Presidency_GMB) August 27, 2019
Né en 1924 dans une famille mandingue musulmane, à Barajally (centre), où son père était commerçant, ce vétérinaire formé au Ghana, puis en Ecosse, était entré en politique en 1960 en devenant le leader du Parti progressiste du peuple (PPP).
Sa carrière gouvernementale, commencée comme ministre de l’Éducation en 1960, s’était poursuivie comme Premier ministre en 1962. C’est à ce poste qu’il négocia et proclama en 1965 l’indépendance de la Gambie.
Son principal succès aura été d’avoir préservé cette indépendance en refusant l’intégration à son puissant voisin, le Sénégal. Il s’est révélé grand manœuvrier pour résister aux pressions du premier président sénégalais Léopold Sédar Senghor, en restant jusqu’en 1970 sous la tutelle de la Couronne britannique, qui l’anoblira.
Sénégambie
Il ne devait mettre fin à cette tutelle qu’en 1970, lorsque la Gambie est devenue une république. Dawda Jawara avait été ensuite élu régulièrement tous les cinq ans, avec une nette majorité, d’abord par l’Assemblée nationale, puis au suffrage universel après la réforme constitutionnelle de 1982.
Un an avant cette réforme, son régime, considéré comme l’un des plus démocratiques du continent, avait survécu à un coup d’État, grâce à l’intervention de l’armée sénégalaise.
Le président Jawara prit alors l’initiative de proposer une confédération à son voisin. Née officiellement en 1982, la Sénégambie sera cependant dissoute sept ans plus tard.
Putsch
En juillet 1994, il avait été finalement renversé lors d’un putsch sans effusion de sang par de jeunes officiers, menés par Yahya Jammeh.
Quittant Banjul à bord d’un navire de guerre américain, il avait obtenu d’abord l’asile au Sénégal. Il s’était ensuite installé à Londres avec sa famille, dont ses deux femmes, pendant une dizaine d’années, avant de rentrer définitivement en Gambie en 2004.
Il s’était réinstallé dans sa résidence de Fajara, dans un quartier chic près de Banjul, confisquée au lendemain du putsch en même temps que d’autres biens, tous restitués après l’amnistie dont il a bénéficié en 2001.
Depuis cette amnistie, il avait annoncé son retrait de la vie politique et effectué un séjour au pays en 2002, au cours duquel il avait été reçu par Yahya Jammeh dans son ancien palais.
Dawda Jawara avait assisté le 18 février 2017 aux cérémonies marquant à la fois l’anniversaire de l’indépendance et l’investiture en Gambie d’Adama Barrow, après le départ en exil en Guinée équatoriale de Yahya Jammeh, épilogue d’une crise à rebondissements de six semaines.
Les défenseurs des droits humains réclament l’extradition de Yahya Jammeh, dont le régime est accusé de tortures systématiques d’opposants et de journalistes, d’exécutions extrajudiciaires, de détentions arbitraires, de disparitions forcées et de viols.
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