Football : la grande purge des sélectionneurs après la CAN
Depuis la fin de la CAN 2019 en Égypte, 13 sélectionneurs sur les 24 des équipes participantes ont quitté leurs fonctions. Parfois de leur plein gré, souvent après avoir été poussés vers la sortie. Retour sur les cas les plus emblématiques.
Alain Giresse est le dernier sélectionneur en date à avoir officiellement, mercredi 21 août, rendu les clés de son casier. Le coach français de la Tunisie a rejoint Hervé Renard (Maroc), Javier Aguirre (Égypte), Paul Put (Guinée), Stuart Baxter (Afrique du Sud), Sébastien Migné (Kenya), Ricardo Manetti (Namibie), Sunday Chidzambwa (Zimbabwe), Sébastien Desabre (Ouganda), Florent Ibenge (RD Congo), Emmanuel Amunike (Tanzanie), Clarence Seedorf (Cameroun) et Srdjan Vasiljevic (Angola).
Certains ont déjà retrouvé un poste, tels Hervé Renard, nouveau sélectionneur de l’Arabie Saoudite, ou Sébastien Desabre, nommé entraîneur de l’ambitieux club égyptien du FC Pyramids, alors qu’Ibenge est toujours en poste à l’AS Vita Club de Kinshasa.
Zoom sur les limogeages les plus significatifs.
• Aguirre, un sort scellé en quelques heures
L’ancien sélectionneur du Mexique avait été recruté après le départ de l’Argentin Hector Cùper, remercié après la Coupe du monde 2018. Payé 115 000 euros par mois, faisant de lui le sélectionneur le mieux rémunéré d’Afrique, Aguirre a été viré quelques heures après la défaite des Pharaons en huitièmes de finale de la CAN, le 6 juillet dernier face à l’Afrique du Sud au Caire (0-1).
Aucun sélectionneur n’a pour l’instant été nommé, mais à défaut de connaître son nom, sa nationalité est déjà établie : il sera égyptien
Tout le staff technique a subi le même sort, sur décision de Hani Abou Rida, le président de la fédération, lui-même démissionnaire. Le fiasco de l’Égypte, considérée comme l’un des favoris, a tout emporté sur son passage, puisque la fédération est pilotée temporairement par un comité de normalisation imposé par la Fifa. Aucun sélectionneur n’a pour l’instant été nommé, mais à défaut de connaître son nom, sa nationalité est déjà établie : il sera égyptien, sur ordre du chef de l’État Abdel Fattah al-Sissi – énième exemple illustrant la porosité entre football et politique.
• Pour Renard, la décision était prise depuis un an
Hervé Renard et Fouzi Lekjaa, le président de la fédération royale marocaine, avaient bien tenté de faire durer le suspense, en multipliant les déclarations de bonnes intentions, laissant supposer que le Français pourrait, peut-être, poursuivre sa mission au-delà de la CAN 2019. L’élimination des Lions de l’Atlas en huitièmes de finale face au Bénin (1-1, 1-4 aux t.a.b), vécue comme un échec par tout le royaume, ne laissait plus de place au doute.
Le Savoyard, juste après la compétition, a annoncé son départ – avant de s’engager quelques jours plus tard avec l’Arabie saoudite. Une volonté qui le titillait depuis la Coupe du monde 2018. Déjà approché par une formation asiatique, le double champion d’Afrique s’était finalement laissé convaincre par son président de poursuivre un an de plus. Comme beaucoup, il n’a toujours pas compris pourquoi le Maroc avait renoncé à se porter candidat à l’organisation de la CAN après que le Cameroun a été mis hors-jeu, en novembre dernier.
• Giresse, remercié malgré la demi-finale
On se doutait bien que l’avenir d’Alain Giresse à la tête des Aigles de Carthage était plus qu’incertain. Son sort a été scellé le 21 août dernier, après un accord à l’amiable entre la Fédération tunisienne et l’ancien milieu de terrain de l’équipe de France, nommé en décembre dernier. Lors du premier tour de la CAN, le sélectionneur avait été vivement critiqué à cause de prestations jugées poussives (trois nuls, néanmoins suffisants pour se qualifier pour le second tour).
Wadi Al Jari, le président de la fédération et grand consommateur de sélectionneurs, a déjà nommé Mondher Kebaier pour lui succéder
Affaibli par le licenciement express de l’un de ses adjoints (le préparateur mental), Giresse avait connu un certain répit après le huitième de finale face au Ghana (1-1, 5-4 aux t.a.b) et le quart contre Madagascar (3-0). Mais l’élimination face au Sénégal (0-1), certains choix du technicien, notamment au poste de gardien de but, et les critiques émises sur le jeu proposé ont pesé plus lourd dans la balance que la quatrième place obtenue en Égypte – pourtant le meilleur résultat de la Tunisie depuis 2004 et son premier trophée.
Le Français, à qui il restait dix mois de contrat, n’en est pas moins parti avec une indemnité financière. Wadi Al Jari, le président de la fédération et grand consommateur de sélectionneurs (huit depuis sa prise de fonctions en 2012), a déjà nommé Mondher Kebaier pour lui succéder. Faut-il conseiller à ce dernier de ne pas trop prêter attention à la durée de la mission figurant sur son contrat ?
• Clarence Seedorf, viré sur suggestion ministérielle
Comme prévu, Clarence Seedorf, qui de toute façon n’avait jamais recueilli l’adhésion des Camerounais après sa nomination en août 2018, a rapidement sauté après l’élimination des Lions indomptables face au Nigeria, en huitièmes de finale (2-3). Selon nos informations, la décision de se séparer du sélectionneur néerlandais, dont le projet de jeu n’avait jamais été d’une grande clarté, a été encouragée par le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi.
Seedorf, engagé par Dieudonné Happi, l’ancien président de la fédération, ne laissera pas un grand souvenir du côté de Yaoundé. Mais le Néerlandais, dont le contrat courait sur deux ans, entend bien récupérer ce qu’il estime lui être dû, à lui et à son adjoint Patrick Kluivert. Seydou Mbombo Njoya, le successeur de Happi à la Fecafoot, se serait bien passé de cette (nouvelle) patate chaude – même si, au Cameroun, c’est l’État qui paye directement le sélectionneur.
• Paul Put, une affaire complexe en Guinée
C’est sans doute le dossier le plus sensible de l’été au niveau des sélections africaines. Éliminée en huitièmes de finale de la CAN par l’Algérie (0-3), la Guinée traverse une période très polémique depuis l’éviction du Belge Paul Put, dans un premier temps pour « insuffisances de performances », avant que des rumeurs de racket organisé par le staff technique auprès des joueurs ne cessent de circuler depuis le mois de juillet.
Le technicien flamand a publiquement démenti ces accusations proférées par Antonio Souaré, le président de la fédération. Put a été radié à vie de toute activité liée au football guinéen, et écopé d’une amende de 100 000 euros. Le vice-président de la Feguifoot, Amadou Diaby, a quant à lui été radié sept ans (dont cinq ferme) et condamné à 25 000 euros d’amende, pour avoir touché une commission de 10 % sur le salaire du Belge, qui percevait 30 000 euros par mois.
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