Dans le concert des nations

Publié le 25 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

L’Angola a longtemps figuré parmi les États parias. Dans les années qui ont suivi son accession à l’indépendance et jusqu’à la fin de la guerre froide, alors que le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA) bénéficiait du soutien inconditionnel de l’URSS, le tout jeune État a très vite été catalogué au pire comme un « suppôt du bolchevisme », au mieux comme un mauvais élève par le camp occidental. Au cours des années 1990, les relations de l’Angola avec les Nations unies ont été empreintes de méfiance. Alors que Luanda estimait que la Maison de verre se montrait trop conciliante à l’égard des rebelles de l’Unita, l’ONU, pour sa part, reprochait aux autorités angolaises les violations répétées de l’embargo sur les achats d’armements. Aujourd’hui, malgré les réticences des institutions financières de Bretton Woods à l’encontre du régime, tous ces contentieux appartiennent au passé. L’Angola a fait un remarquable retour sur la scène sous-régionale, continentale et internationale. À cet égard, le rôle décisif joué par Luanda dans la guerre civile au Congo-Brazzaville ainsi que dans la crise du Congo démocratique l’a imposé comme un acteur majeur dans la sous-région. Évidemment, ses richesses pétrolières et minières contribuent également à consolider la place du pays au sein des organisations d’intégration sous-régionales, notamment la SADC (Communauté pour le développement de l’Afrique australe) ou le Marché commun d’Afrique orientale et australe (Comesa).

Désormais, l’Angola est une puissance diplomatique à part entière. Il suffit pour s’en convaincre d’observer son rôle dans la préparation du prochain sommet de l’Union africaine (UA), prévu à Khartoum le 23 janvier après avoir été un moment menacé par la crise entre le Tchad et le Soudan, deux pays qui furent ses alliés lors de la crise en RDC. Le Tchadien Idriss Déby a dépêché à Luanda son conseiller Abakar Manany pour s’assurer du soutien angolais dans sa tentative d’obtenir le report du sommet ou sa délocalisation. Le Soudanais Omar el-Béchir l’a imité en envoyant un émissaire auprès du président José Eduardo Dos Santos pour le convaincre de participer aux assises africaines prévues à Khartoum. Enfin, le 10 janvier, ce fut au tour d’Alpha Oumar Konaré, président de la Commission de l’UA, de rendre visite au chef de l’État angolais pour évoquer ce dossier.

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Quant à sa place au sein de la communauté internationale, nul besoin de rappeler que l’Angola a achevé en 2004 un mandat de membre non permanent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, et qu’il milite pour qu’un poste permanent dans cette instance revienne au continent africain dans le cadre du projet de réforme des Nations unies. Le 13 janvier, devant le corps diplomatique rassemblé à l’occasion de la cérémonie des vux, le président Dos Santos a répété ses intentions en la matière, rappelant à son auditoire que son pays comptait bien apporter sa pierre au débat, et « contribuer ainsi à la construction d’un monde meilleur, plus juste, plus équilibré et stable ». Comme quoi l’ex-État paria a aujourd’hui mesuré toute son influence. Et qu’il a la ferme intention d’en user pleinement.

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