Présidentielle en Tunisie : Abir Moussi, la nostalgique de Ben Ali qui lutte contre l’islamisme

98 concurrents ont déposé leur candidature auprès de l’Instance électorale en vue du scrutin présidentiel anticipé du 15 septembre. Parmi les 30 dossiers retenus, Jeune Afrique vous présente cinq choses à savoir sur les principaux prétendants.

Abir Moussi à son bureau, dans le quartier de Montplaisir, à Tunis. © Ons Abid pour JA

Abir Moussi à son bureau, dans le quartier de Montplaisir, à Tunis. © Ons Abid pour JA

Publié le 28 août 2019 Lecture : 2 minutes.

La seule femme classée parmi les principaux concurrents de la course à Carthage résiste à toutes les controverses et aux nombreux sarcasmes à son endroit. À 44 ans, l’avocate et présidente du Parti destourien libre (PDL) mène depuis un an une campagne axée sur l’hostilité aux islamistes et un retour aux fondamentaux de l’ancien régime du président Ben Ali. Un discours clivant, mais qui rassure les nostalgiques adeptes du « c’était mieux avant ». Sa détermination en fait l’une des figures émergentes du paysage politique tunisien.

• Sans complexe

Abir Moussi a fait ses premiers pas en politique au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti de l’ex-président Zine el Abidine Ben Ali dont elle était secrétaire générale adjointe chargée de la femme.

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Elle assume ce parcours sans complexe et avec un certain courage. Conspuée et agressée par la foule, elle a été la seule avocate au lendemain de la révolution à plaider contre la dissolution du RCD. Sous les pressions, elle s’éloigne du barreau, mais même ses détracteurs lui reconnaissent un certain cran. Une détermination qu’elle met à présent au service de la politique.

• Esprit destourien

Elle revient sur la scène politique en reprenant le label du Parti destourien libre (PDL), fondé en 2013 par Hamed Karoui, ancien Premier ministre de Ben Ali. À partir de cette plateforme, elle bat le rappel des forces qui se réclament de l’esprit destourien de Bourguiba, et part à l’offensive contre les islamistes – jusqu’à souhaiter leur exclusion. Dans un contexte de clivage politique entre progressistes et conservateurs, ses positions font mouche et accroissent sa popularité. Une fougue et une fermeté qui rassurent.

• Présidentialiste

Celle qui fait fi de la révolution et se déchaîne contre les islamistes, auxquels elle impute tous les maux de la gouvernance des huit dernières années, souhaite une révision de la Constitution, afin de renouer avec un régime présidentialiste modéré.

Elle donne la priorité à la lutte contre le terrorisme, l’informel et le crime organisé, et compte relancer l’économie par des actions sur les déficits financiers et l’inflation, avec un modèle de développement axé sur les régions. Un programme sans surprises, basé sur une restauration du rôle de l’État.

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• Femme

Mère de deux enfants, elle a été parmi les premiers candidats à se positionner sur la ligne de départ pour la présidentielle, mais n’a pas fait du statut des Tunisiennes un argument de campagne. Au contraire, elle semble se démarquer en refusant l’égalité successorale dans la forme proposée par le projet de loi sur les libertés et égalités individuelles. Elle revendique néanmoins l’héritage du président Habib Bourguiba, qui avait fait de l’émancipation de la femme un pilier de la Tunisie moderne, et une exception dans le monde arabe.

• Symbole

Représentant une contre-révolution en marche, elle ose défendre ses idées même à Sidi Bouzid, fief des premiers soulèvements de 2011. Elle n’a pas non plus hésité à prendre des postures de conquérante en paradant à cheval lors d’un meeting, comme Bourguiba à son retour d’exil en 1955. Populaire auprès de la classe moyenne, elle séduit aussi des démunis qui estiment n’avoir rien gagné de la révolution.

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