[Infographie] Sénégal : l’irrésistible ascension de Karim Wade au PDS
En quinze ans, Abdoulaye Wade s’est séparé de tous ses dauphins à la tête du Parti démocratique sénégalais, qu’il a fondé. Tous, sauf un : son fils Karim, récemment devenu l’homme fort du parti libéral, que désertent aujourd’hui ses derniers cadres historiques.
Fondateur du Parti démocratique sénégalais (PDS), dont il reste le leader insubmersible depuis sa création, en 1974, Abdoulaye Wade a jeté par-dessus bord tous ceux qui s’approchaient un peu trop du gouvernail du navire libéral. Nombre de ses anciens protégés ont fait les frais de leurs ambitions insuffisamment dissimulées. Dans un impitoyable jeu de chaises musicales, Idrissa Seck, Macky Sall, Modou Diagne Fada, pour n’en citer que les plus emblématiques, se sont ainsi retrouvés privés de leur place – de choix – au sein du parti.
Dans le même temps, Karim Wade, le fils aîné de l’ancien président, n’a cessé de monter en puissance.
Successeurs sacrifiés
Premier sur la longue liste des possibles successeurs sacrifiés, Idrissa Seck a payé cher l’influence grandissante engrangée alors qu’il était le Premier ministre d’Abdoulaye Wade. Débarqué de son poste, emprisonné pour « atteinte à la sûreté nationale » – une affaire dont il ressortira blanchi -, celui qui fut pressenti pour prendre la suite de son mentor créera son propre parti, Rewmi. D’autres hauts responsables du PDS suivront son exemple, comme Macky Sall (Alliance pour la République), Abdoulaye Baldé (Union des centristes du Sénégal) ou Pape Diop (Bokk Gis Gis).
Lassés de voir Abdoulaye Wade s’accrocher à la direction du parti, quand ils ne furent pas brutalement poussés vers la sortie, ces anciens libéraux prendront, tour à tour, la décision de mettre en place leur propre formation politique.
« Karim ou rien ! »
Quelle influence a eu Karim Wade dans ces mises au ban successives de personnalités susceptibles de lui faire de l’ombre? Qu’ils soient tus ou affichés, la défiance de plusieurs cadres du PDS envers le « fils du chef » et leur agacement devant son emprise croissante sur le parti ont joué un rôle clé dans ces vagues de départs, forcés ou spontanés. Dernier affront en date : l’entêtement d’Abdoulaye Wade à faire de son fils le seul présidentiable possible au sein du parti. Une obsession paternelle – « Karim ou rien ! » – qui a privé le parti d’un candidat lors de la dernière élection suprême, en février 2019.
Tiraillés entre leur loyauté envers leur mentor et leur refus de voir son fils Karim prendre sa place, les derniers cadres historiques qui ont accompagné Abdoulaye Wade dans son ascension vers la présidence, en 2000, ne comptent pas abandonner leur parti sans lutter. Certains doutent toutefois : où se décide aujourd’hui la ligne politique du PDS ? À Dakar, où est revenu s’installer provisoirement Abdoulaye Wade, après plusieurs années passées en France ? Ou à Doha, d’où Karim, exilé depuis 2016, exerce une influence que certains jugent illégitime ?
Magistrature suprême
En faisant de son propre fils, début août, le véritable homme fort du parti libéral, Abdoulaye Wade entérine une « dévolution monarchique du pouvoir » dont de nombreux Sénégalais lui prêtaient l’intention depuis la fin des années 2000.
Cela suffira-t-il à assurer un jour son élection à la magistrature suprême ?
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