Vos lettres et e-mails sélectionnés

Publié le 22 décembre 2003 Lecture : 6 minutes.

À quoi rêvent les Congolais
La République démocratique du Congo se meurt. Malgré la mise en place d’un gouvernement d’union nationale qui a pour mission de conduire le pays vers les élections libres et transparentes en 2005, la RDC n’est toujours pas réunifiée ni sur le plan militaire ni sur le plan administratif. Le gouvernement est incapable de rétablir la sécurité sur tout le territoire. Aujourd’hui, chaque Congolais ne rêve que d’être ministre. C’est le seul emploi vraiment rémunérateur… Pour l’écrasante majorité de la population, les conditions de vie ne s’améliorent pas. L’élite congolaise a déçu. Ne nous voilons pas la face, mais regardons-nous dans la glace : nous sommes incapables de gérer convenablement le pays. Ayons le courage d’accepter que la RDC soit mise sous tutelle de l’ONU pour parvenir à la vraie démocratie et à une répartition juste des richesses au profit de tous.

L’après-guerre en Angola
Toutes les guerres sont cruelles. Mais celle qui a frappé l’Angola a eu des conséquences extrêmement néfaste. Elles sont visibles dans tous les coins du pays : les victimes sont vivantes, mais invalides. L’Angola détient, en effet, le record mondial du nombre de personnes estropiées par rapport à sa population totale. Tout cela à cause de l’avidité de ses dirigeants pour le pouvoir et pour l’argent.

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En finir avec les Saddam
Les Américains peuvent se glorifier d’avoir capturé Saddam. Mais Saddam n’est autre que leur propre créature. Les grandes puissances devraient s’engager à ne plus en « fabriquer ». Car ceux qui souffrent de leur stratégie géopolitique et de la dictature, ce sont des citoyens parfaitement innocents. Assez de Saddam, assez de Ben Laden ! Que règne la vraie démocratie qui nous permet de respirer et de vivre en paix !

Le voile qui fait perdre la raison
L’émoi suscité par le débat sur la laïcité en France me rappelle celui de l’insécurité durant la campagne présidentielle de 2002. C’est à croire que ce pays cartésien s’est converti à la religion de l’émotion. Peu importe les sentiments et les arguments des uns et des autres, il est étonnant de remarquer une telle mobilisation intellectuelle, politique et médiatique sur un sujet marginal, celui du « voile islamique » à l’école.
Pourquoi une telle « levée de boucliers » ? Pourquoi un tel déferlement de fantasmes et de passions ? Qu’est-ce que c’est que cette démocratie qui érige l’émotion en raison et la peur en source de la loi ? C’est à croire que l’élite française est en panne et en plein désarroi.

J.A.I. et l’Afrique
Grand lecteur de J.A.I. depuis l’âge de 14 ans, je me le procurais chez mon oncle en Mauritanie. Pendant ma scolarité en Allemagne, j’ai toujours réussi à économiser pour me l’acheter chaque semaine et je me suis abonné depuis que j’ai commencé ma vie professionnelle. Bref, je peux compter sur les doigts d’une main les numéros que je n«ai pas lus pendant les dix-huit dernières années. C’est dire l’intérêt que je porte à votre magazine.
Je me permets de vous écrire, car j’ai l’impression que depuis un certain temps J.A./l’intelligent accorde de moins en moins d’espace à l’actualité africaine. C’est un peu dommage. Il est certain que l’Irak ou le conflit palestino-israélien constituent des sujets importants, mais il me semble primordial que J.A.I. reste « le journal de l’Afrique ». L’information est un facteur important en Afrique. J.A.I. a contribué pendant de nombreuses années à éveiller la conscience des peuples africains en leur exposant des sujets qui les concernent et les touchent directement. Il devrait continuer dans ce sens afin de mener sa mission jusqu’au bout.
Réponse : Vous avez raison. Mais, de notre côté, nous pensons que les Africains qui nous lisent vivent dans le monde et ont besoin de savoir ce qui s’y passe. Nous sommes un hebdomadaire africain, mais international également. Nous devons donc hiérarchiser l’information. Meilleurs sentiments.

Bravo B.B.Y. et bravo Talbi
Permettez-moi, d’abord, de vous féliciter pour tous vos éditoriaux « Ce que je crois » et plus particulièrement pour celui du 29 novembre « L’esprit de Genève » (J.A.I. n° 2238). Votre clairvoyance en la matière fait chaud au coeur. Et merci d’avoir consacré tout un dossier (« Israël-Palestine : l’espoir ») à ce sujet. L’espoir, c’est ce dont nous avons tous besoin dans ce monde où la logique exacerbée de la guerre ne laisse point de place à la logique de paix.
Ensuite, je voudrais parler de la critique faite par Mohamed Talbi du livre de Nadia Yassine (J.A.I. n° 2237). Son analyse est d’une objectivité et d’une justesse digne d’éloges. Mille bravos à cet historien musulman et à son message de paix et de fraternité adressé à toutes les religions du Livre.

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Kourouma et la paix en Côte d’Ivoire
Kourouma vient de nous quitter. « Il a fini », selon sa propre expression ! Il n’était certes pas grammairien comme Senghor, mais Dieu ! qu’il était fertile, inventif, créateur. Ou était-il tout simplement lui-même ? En donnant le tournis à la langue française, avec tant de saveurs et de parfums, ce romancier ne laissait personne indifférent. Inégalable dans sa façon d’écrire, Kourouma restera Kourouma ! L’esthétique de son oeuvre, sa technique narrative, ses sujets, tout cela fait qu’il restera l’architecte d’une création vivante, éruptive, colorée, forte et engagée. Engagée parce que Kourouma dépeignait et raillait des pouvoirs politiques d’un autre temps qui avaient de plus en plus du mal à se regarder dans le miroir.
Je voudrais saluer ici la mémoire d’un immense écrivain d’Afrique. Il avait trouvé sa voie dans un monde où, depuis des siècles, tout semblait avoir été dit et écrit ! Sa disparition me fait penser à son pays, la Côte d’Ivoire. Kourouma aura tout tenté pour participer à la reconquête de la paix ! Son oeuvre témoignera pour lui. Nous autres poètes et écrivains penserons et agirons sans nous lasser pour que son grand et beau pays se réconcilie avec lui-même. Le souvenir nous venge toujours de la mort. Nous nous accrocherons à ton souvenir pour moins pleurer ! Dors, cher ami !

Ouvrir l’oeil sur Saddam
Comme tout le monde, je me réjouis de la capture de Saddam Hussein. Elle permettra d’avancer plus rapidement dans le processus de démocratisation de l’Irak. J’exprime donc ma reconnaissance aux États-Unis et à leurs alliés. Mais je dois avouer que j’ai peur que Saddam soit jugé pour ce qu’il a fait aux Américains et non pour ce qu’il a réellement fait aux Irakiens. Je demande à la communauté internationale d’ouvrir l’oeil.

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Il y a sida et sida
Sans vouloir polémiquer, j’ai la forte conviction qu’il existe deux sida… Le sida, le vrai, qui tue, et l’autre qui fait beaucoup de bruit. C’est la Société internationale de développement des affaires. Le paludisme, qui tue malheureusement plus que le sida, n’est pas combattu avec la même vigueur.

Maghreb-Europe en circuit fermé
Je vois mal certains pays de l’Union européenne rejeter la responsabilité de l’immigration clandestine sur le Maroc, eux qui ont une part non négligeable dans la naissance de ce fléau. Ils sont bien placés pour comprendre que dans cette partie de la Méditerranée, à moins d’une manne tombée du ciel, il est très difficile, voire impossible, de réaliser une progression constante du développement économique sans un échange fructueux avec le Nord, et ce dans l’intérêt des deux rives.
L’avenir économique des pays du pourtour méditerranéen est interdépendant. Continuer à ignorer cette réalité équivaut à mettre dans le même circuit fermé des bolides qui carburent au super sans plomb et des tacots roulant au diesel. Les premiers ne pouvant jamais développer toute leur puissance se retrouveront inéluctablement pris dans des carambolages avec les seconds.
Il est donc grand temps pour l’Europe d’entreprendre une vraie politique d’ouverture vers le Maghreb, avec une coopération accrue dans les domaines des investissements, du transfert de technologie et de l’assistance technique. En exportant leur savoir-faire vers le Maghreb, les Européens créeront des débouchés pour leur économie tout en maintenant la main-d’oeuvre de ces pays sur place. Il suffit d’y mettre de la volonté et tout le monde y gagnera.

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