Retour au bercail

Dès le début du XIX e siècle, de riches abolition nistes financent le rapatriement d’affranchis en Afrique.

Publié le 17 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Face aux planteurs solidement ancrés sur leurs positions, les abolitionnistes des jeunes États-Unis ne rendaient pas les armes. Comment aider ces esclaves arrachés à l’Afrique ? Pourquoi pas en leur permettant de repartir sur le continent ? En 1787, un premier groupe de 1 500 affranchis est envoyé vers la Sierra Leone. L’idée inspire un groupe de riches propriétaires, dont James Madison, président des États-nis de 1809 à 1817. Ils créent l’American Colonization Society (ACS) dans le but explicite de rapatrier en Afrique les nouveaux affranchis. Deux courants s’opposent alors au sein de l’ACS : ceux qui visent in fine l’abolition de l’esclavage et la réinstallation sur le continent d’origine, et ceux qui jugent l’esclavage indispensable.
Bien qu’elle fût financée par le gouvernement américain, l’ACS recrutait aussi des adhérents parmi les Noirs. Devenir membre à vie ne signifiait pas nécessairement partir pour l’Afrique, mais simplement aider à la réalisation d’un tel projet. Pour les petits commerçants, artisans ou fermiers, la cotisation s’élevait à 30 dollars. En 1825, la part de financement provenant des Noirs s’élevait à 50 000 dollars.
En 1820, l’ACS affrète son premier navire, l’Elizabeth, qui embarque quatre-vingts affranchis. Ceux-ci accostent sur la côte nord-ouest de ce qui allait devenir le Liberia. Hélas !, le paludisme décime la quasi-totalité de ces primo-arrivants. Les rescapés trouvent refuge à Freetown, en Sierra Leone. L’année suivante, un deuxième bateau fait le voyage. Mieux préparés, les pionniers fondent une ville dans la baie de Mesurado. Elle s’appellera Monrovia, du nom du cinquième président des États-Unis, James Monroe. La colonie elle-même est baptisée Liberia, du latin liber, qui signifie « libre ». Dirigée par un gouverneur membre de l’ACS, qui sera un Blanc jusqu’en 1842, et protégée par l’armée américaine, elle commence à négocier des traités avec les chefs locaux pour accroître son territoire et assurer sa sécurité.
Pendant dix ans, plusieurs sociétés philanthropiques financèrent l’émigration de Noirs libres vers le Liberia, dont la population atteignit bientôt trois mille individus. Quelques colonies indépendantes s’installèrent sur la côte, à l’est de Monrovia, au grand dam des populations locales, qui se trouvèrent repoussées vers l’intérieur du pays, moins hospitalier. Les relations se tendirent entre les nouveaux colons et les natives, exclus des écoles, du système de santé, convertis de force au christianisme et, surtout, exploités dans les plantations.
Les Américano-Libériens établirent en effet un système de castes, dans lesquelles les familles riches et éduquées formaient une élite protégée. Toutefois, à l’inverse de ce qui se passait dans les colonies européennes, il n’y avait aucune barrière de couleur de peau. Il était donc possible pour les natives, même si c’était difficile, d’accéder à la société des Américano-Libériens. Les enfants nés d’unions mixtes y étaient intégrés.
Cet exemple et les revendications territoriales des colons libériens n’étaient pas faits pour plaire aux puissances européennes. Sous la pression des États-Unis, cependant, des accords furent conclus avec la France et la Grande-Bretagne pour fixer les frontières et réguler le commerce. Le 26 juillet 1847, les Américano-Libériens proclamèrent leur indépendance et adoptèrent une Constitution, calquée sur le modèle américain.

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