Ticad VII : une délégation sahraouie présente, Tokyo réaffirme que cela ne vaut pas reconnaissance

Alors que la septième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad 7) s’est clôturé vendredi 30 août, la présence à Yokohama du chef du Front Polisario Brahim Ghali a contraint les organisateurs japonais à réaffirmer que cela ne valait pas reconnaissance de la Rasd.

Brahim Ghali, chef du Polisario, lors du 28e sommet de l’Union africaine (image d’illustration). © African Union Commission

Brahim Ghali, chef du Polisario, lors du 28e sommet de l’Union africaine (image d’illustration). © African Union Commission

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Publié le 30 août 2019 Lecture : 3 minutes.

Tokyo avait annoncé en amont de la conférence que les représentants de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) n’étaient pas invités à Yokohama. L’ambassadeur du Japon à Rabat, Takuji Hanatani, avait ainsi réaffirmé la non-reconnaissance de la Rasd par le Japon. Mais le président de l’entité sahraouie et chef du Polisario Brahim Ghali se trouvait pourtant bien à Yokohama entre le 28 et le 30 août, aux côtés de plusieurs chefs d’État africains.

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Gêné aux entournures par la présence d’une organisation considérée comme terroriste par Tokyo, le ministre japonais des Affaires étrangères, Tarō Kōno, a tenu à préciser lors de son allocution de clôture que « la présence à la septième édition de la Ticad de toute entité que le Japon ne reconnaît pas comme État n’affecte pas la position du Japon sur le statut de cette entité ».

« Le Japon entretient des relations étroites avec le Maroc et cela continuera », souffle à Yokohama un officiel travaillant pour le ministère nippon des Affaires étrangères. Cette source explique que la présence du responsable de la RASD est le fait de l’Union africaine. L’institution panafricaine, où siège la Rasd, est en effet co-organisatrice de l’événement.

Précédents

Depuis la réintégration du Maroc à l’Union africaine en 2017, la question du Sahara s’invite régulièrement aux rendez-vous de la conférence consacrée au développement économique du continent. En octobre 2018, lors de la réunion préparatoire du septième sommet de la Ticad, une délégation sahraouie, dirigée par son diplomate en chef Mohamed Salem Ould Salek, s’était rendue à Tokyo, provoquant le départ de la délégation marocaine et la réaction du ministre japonais des Affaires étrangères.

Selon un observateur de la diplomatie japonaise qui tient à conserver l’anonymat, Tokyo veut éviter de faire de la Ticad un lieu de controverses politiques

« Même si un groupe qui se revendique comme un État que le Japon ne reconnaît pas siégeait dans cette salle, cela ne signifie pas que le Japon le reconnaît de quelque manière que ce soit », avait-il alors déjà déclaré – sans nommer directement la Rasd. Selon un observateur de la diplomatie japonaise qui tient à conserver l’anonymat, Tokyo veut éviter de faire de la Ticad un lieu de controverses politiques.

Brahim Ghali lors du sommet de la Ticad à Yokohama. © Khaldoun al-Azhari/Panorient News

Brahim Ghali lors du sommet de la Ticad à Yokohama. © Khaldoun al-Azhari/Panorient News

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En août 2017 à Maputo (Mozambique), l’ouverture d’une réunion ministérielle de la Ticad avait également donné lieu à une polémique sur l’invitation de responsables de la RASD par le Mozambique, ponctuée par une foire d’empoigne entre les délégations marocaine et sahraouie à l’entrée de la salle où se déroulait la plénière.

Là encore, en amont, Takeshi Osuga, le directeur général du département des affaires africaines du ministère japonais des Affaires étrangères, avait, dans un courrier adressé à Jean Mfasoni, chef du cabinet du président de la Commission de l’Union africaine, indiqué que le Japon refusait la présence de la Rasd à Maputo, et rappelé que « le ‘Sahara occidental’ n’avait jamais été invité aux réunions passées de la Ticad, que ce soit au Japon ou en Afrique ».

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Si Tokyo fait valoir que la Ticad n’est pas un forum bilatéral entre le Japon et l’Union africaine – mais un forum multilatéral dirigé par le Japon et co-organisé par des institutions internationales, dont l’Union africaine – les autorités nippones n’ont pu interdire aux responsables de la Rasd de se rendre à Yokohama. Contrairement à son rival régional chinois qui, lors du sommet sino-africain à Pékin, en septembre 2018, avait tenu à l’écart les représentants du Polisario. Lors du second sommet Chine-Afrique en décembre 2015 en Afrique du Sud, pourtant un soutien historique de la Rasd, cette dernière avait même été exclue des travaux.

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