RDC : Ebola et la sécurité à l’agenda de la visite d’Antonio Guterres
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres commence samedi une visite longtemps retardée en République démocratique du Congo où il veut accorder la priorité à la lutte contre l’épidémie d’Ebola qui a déjà tué plus de 2 000 personnes dans l’est du pays.
Antonio Guterres n’échappera pas aux questions sécuritaires, humanitaires et politiques pendant ses trois jours à Goma, Beni et Kinshasa, dans le plus grand pays d’Afrique sub-saharienne qui accueille l’une des missions onusiennes les plus importantes au monde, une force de 16 000 hommes pour plus d’un milliard de dollars de budget annuel.
Le maintien de la paix est à l’agenda de sa première journée à Goma, où le patron de l’ONU doit visiter un centre d’accueil pour miliciens démobilisés.
130 groupes armés
Au total 130 groupes armés opèrent dans l’est de la RDC, officiellement pour défendre leur communauté, dans le faits pour le contrôle des ressources du sol.
« Les groupes armés ont tué 1900 civils et enlevé plus de 3300 personnes entre juin 2017 et juin 2019 », ont indiqué en août le Groupe des experts du Congo (GEC) de l’université de New York et Human Right Watch.
La démobilisation des milices est une priorité pour les Nations unies présentes depuis 1999 en RDC et le nouveau président de la République Félix Tshisekedi, acteur de la première transition pacifique du pouvoir au Congo avec son prédécesseur Joseph Kabila.
Dans les faits, le retour à la vie civile des miliciens est souvent compliquée faute d’emplois dans ce pays pauvre qui repose sur des richesses minérales importantes, surtout dans la sa partie est justement.
Dimanche, le secrétaire général des Nations unies est attendu à Beni, l’un des épicentres de l’épidémie d’Ebola à 350 km au nord de Goma.
Il doit se rendre en brousse à Mangina, premier foyer de l’épidémie fin juillet 2018. Treize mois après, le bilan est de 2.015 victimes pour 3017 cas, principalement dans la province du Nord-Kivu. Il s’agit de la deuxième épidémie la plus grave de l’histoire, après les 11 000 morts en Afrique de l’Ouest en 2014.
« Le secrétaire général visitera un centre de traitement d’Ebola sur place et rencontrera des survivants d’Ebola et des travailleurs de santé », a indiqué vendredi soir l’une de ses porte-parole.
Les survivants d’Ebola sont enrôlés dans les équipes de la « riposte » anti-Ebola qui font face à la résistance parfois violente d’une partie de la population aux messages de prévention.
Casques bleus attaqués
À Beni, le secrétaire général « exprimera également sa solidarité avec les victimes de l’insécurité », ajoute son porte-parole.
Outre Ebola, le territoire de Beni subit depuis octobre 2014 des massacres de civils, généralement des paysans aux champs.
Ces tueries sont attribuées par les autorités aux miliciens des Forces armées démocratiques (ADF).
Historiquement des rebelles ougandais musulmans, les ADF repliés en forêt pillent et tuent au nez et à la barbe de l’armée congolaise et des Casques bleus de la force des Nations unies, pourtant très présentes dans la région.
Les miliciens s’attaquent à l’occasion frontalement à la force de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), comme en décembre 2018 (15 morts) et novembre 2018 (six morts). Antonio Guterres leur rendra hommage.
Rencontre avec Tshisekedi
Dans le cadre de son nouveau mandat (avril-décembre 2019), l’ONU a fermé des bases en RDC, revu sa stratégie d’intervention et réduit ses effectifs civils de 764 personnes depuis le 1er juillet.
Mais à Beni, les notables lui demandent de renforcer les capacités de sa force d’intervention rapide (FIB).
« Nous souhaitons que plus de moyens militaires soient mis à la disposition (ndlr: de la force onusienne) pour en finir avec les ADF à Beni », a déclaré à deux médias dont l’AFP le maire de la ville Bwanakawa Masumbuko avant cette visite.
Le patron des Nations unies terminera sa visite lundi dans la capitale Kinshasa, à 2000 km de Beni et Goma. Il y rencontrera le président Félix Tshisekedi, qui vient de dévoiler un gouvernement de coalition où les partisans de son prédécesseur Joseph Kabila occupe les 2/3 des 66 postes.
Le secrétaire général doit rencontrer des « membres de l’opposition et des représentants des organisations de la société civile ».
Sa visite avait été annoncée puis annulée sine die en juillet 2018 à l’époque de l’ancien président Kabila.
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