L’âge des drapeaux

Publié le 23 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

L’année 1963 a-t-elle été une bonne année pour l’Afrique ? Si la question était posée en ces termes aux jeunes Africains, lecteurs de ce journal, je crois que la majorité d’entre eux répondrait : « oui ». Si les jeunes, qui sont les plus exigeants, ont l’impression que, pour leur continent, l’année n’a pas été mauvaise, c’est que le souvenir d’Addis-Abeba domine 1963. Depuis que, le 25 mai 1963, l’Organisation de l’unité africaine est née, l’Afrique n’est plus divisée en groupes politiques rivaux. Casablanca ne s’oppose plus à Monrovia ou à Brazzaville. Ce n’est pas rien, même si l’unité échafaudée à Addis-Abeba est restée au stade de la mystique et du formel. Elle ne nous a donné ni plus de pain, ni plus de puissance, ni plus d’efficacité. Seulement de l’espoir et un peu de dignité.

L’Afrique ne s’est pas mieux développée cette année, la démocratie n’y a guère progressé, le socialisme s’y propage mais, trop souvent, comme un… écran de fumée derrière lequel de nouvelles classes s’installent. Oui tout cela est vrai, mais, par la force des choses, plus d’enfants dans chaque pays vont à l’école, plus de jeunes gens et de jeunes filles
accèdent à l’université. C’est le levain de l’avenir.
Ce qui précède prouve cependant une chose : l’Afrique est à l’âge des drapeaux et des discours politiques. Nous nous y complaisons alors qu’il nous faut, sous peine de rester un appendice du monde, accéder à l’âge de la méthode, de la technique et de l’acier. Il est clair que nous ne ferons pas un pas dans ce sens avant d’avoir réuni quelques conditions.
Aujourd’hui, l’Afrique, c’est 260 millions d’habitants, mais répartis entre une cinquantaine de pays et de territoires. Ceux qui ne sont pas libérés le seront dans deux
ou trois ans. Alors il apparaîtra, encore plus clairement qu’aujourd’hui, qu’aucun développement n’est possible si on ne procède pas à des regroupements régionaux. Aussi longtemps qu’on n’aura pas fait un pas dans cette voie, nous saurons, et l’étranger saura, que l’Afrique, ce n’est pas encore sérieux.

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