Quand Lomé se rêve en Singapour

Lomé veut être une plateforme financière majeure en Afrique de l’Ouest. Et prend exemple sur Singapour.

Siège de la banque panafricaine Ecobank, à Lomé. © Michel Aveline/JA

Siège de la banque panafricaine Ecobank, à Lomé. © Michel Aveline/JA

Publié le 18 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

En avril, après une visite en Malaisie, Robert Dussey, le ministre togolais des Affaires étrangères, débarquait à Singapour avec une délégation d’hommes d’affaires de la Chambre de commerce et d’industrie du Togo (CCIT) pour clore sa tournée asiatique. Objectif de sa visite ? S’inspirer du modèle singapourien pour transformer le Togo. Cette stratégie, impulsée par le chef de l’État, Faure Gnassingbé, consiste à faire de Lomé une plateforme de services performante.

Transformation

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La métamorphose de la capitale togolaise repose sur deux piliers. D’abord, les infrastructures de transport, portuaires et aériennes. Selon le gouvernement, la modernisation du port de Lomé ainsi que sa situation géographique devraient lui permettre de devenir l’une des principales portes d’entrée en Afrique de l’Ouest.

BOAD, BIDC, Oragroup, Ecobank et Cauris Management, ont tous leur siège à Lomé.

De même, le renforcement de la capacité d’accueil de l’aéroport international de la capitale est en cours de réalisation. Et, en tant que siège de la compagnie aérienne régionale Asky, Lomé a de bons arguments pour devenir un hub aérien dans la sous-région.

Ensuite, les services. Dans ce domaine, Lomé entend devenir une place financière de tout premier plan et dispose d’un certain nombre d’atouts.

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Ainsi, la zone franche de la capitale est parvenue à attirer des sociétés de poids : elle héberge non seulement le siège de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) mais aussi celui d’Ecobank et d’Oragroup, deux importants groupes panafricains. Le capital-investisseur Cauris Management a lui aussi élu domicile à Lomé.

Le retour d’Abidjan

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Malgré ces avancées, les défis ne manquent pas. Il faudra d’abord compter avec le retour d’Abidjan sur la scène des affaires ouest-africaines. La capitale économique ivoirienne accueille déjà la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), une situation propice au développement des sociétés de services financiers, traditionnellement associées à une place financière.

Ensuite, Abidjan s’apprête à recevoir à nouveau le siège de la Banque africaine de développement (Bad), délocalisé à Tunis depuis le début de la crise politique ivoirienne des années 2000. En termes de transports, le port d’Abidjan – le plus important de la région – reste incontournable, d’autant que son extension est en cours. Enfin, en tant que première puissance économique de l’Afrique francophone, la Côte d’Ivoire dispose de sérieux atouts. « J’ai du mal à croire que Lomé se développera de manière décisive dans les cinq prochaines années », déclare un banquier d’affaires ouest-africain.

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Réglementation

Dernier problème, et non des moindres : la réglementation. Si la société Cauris management est installée à Lomé, le fonds Cauris Croissance II Limited, qu’elle a lancé en 2011, est enregistré à Maurice.

Les contributeurs du fonds ont fait pression afin qu’il ne soit pas établi au Togo, en particulier pour échapper au flou des règlements. C’est un point que les autorités togolaises doivent étudier avec attention.

De même, il va leur falloir prévoir des réorganisations dans le secteur financier, en particulier mettre un terme au feuilleton de la privatisation des deux dernières banques publiques en vente, la Banque togolaise pour le commerce et l’industrie (BTCI) et l’Union togolaise de banque (UTB). Un dossier qui traîne depuis 2008.

Réformes

Cependant, il semble que le gouvernement a entrepris des réformes : l’adoption d’un code des investissements plus attractif et d’un code des marchés publics conforme aux normes internationales ainsi que la simplification des procédures de création d’entreprise par la mise en place d’un guichet unique. Annoncer de grandes stratégies est un premier pas, mais c’est sur la mise en oeuvre que le pays sera jugé par les hommes d’affaires.

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