Devant l’Histoire
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De l’Égypte des pharaons au XXIe siècle, ce sont près de quatre millénaires qu’évoque ce numéro spécial de la revue L’Histoire. Si certaines sociétés étaient fondées sur l’esclavagisme, aucune civilisation, aucune aire géographique n’a ignoré le phénomène. Le christianisme l’a justifié, à commencer par saint Augustin, chez lequel il apparaît comme la sanction du péché des hommes. Même s’il était interdit entre coreligionnaires, l’islam l’a toléré et pratiqué. En plus d’un millénaire, à partir du VIIe siècle, près de 17 millions d’Africains ont été razziés et vendus par les négriers musulmans.
Il n’empêche, pour le grand public, la traite négrière est associée au trafic transatlantique qui, du début du XVIe siècle au milieu du XIXe, conduisit à la déportation de quelque 11 millions de Noirs vers les Amériques. Le dossier s’achève sur une interrogation de Sylvie Brunel, ex-présidente de l’ONG Action contre la faim : l’Occident doit-il faire repentance pour le « commerce d’ébène » ? Non, répond l’auteur de cet article polémique, qui multiplie les arguments : la traite n’est pas imputable aux seuls Européens, on a exagéré son impact démographique et économique… Et, en cas de réparation financière, qui et quoi faudrait-il indemniser, beaucoup d’Africains ayant tiré profit du commerce de leurs semblables ? Un point de vue que partage la rédaction de la revue, pour qui « l’urgence est moins aux mea-culpa sur des temps révolus qu’à l’action énergique des États et des organismes internationaux face à l’esclavage moderne ». On se permettra de rétorquer que l’un n’empêche pas l’autre.
L’Histoire, « La vérité sur l’esclavage », numéro spécial, octobre 2003, 116 pages, 6,10 euros.
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