Procès du putsch manqué au Burkina Faso : Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé condamnés à 20 ans et 10 ans de prison
Principaux accusés dans le procès du putsch manqué de septembre 2015, les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé ont été condamnés respectivement à 20 ans et 10 ans de prison ferme. Des peines moins lourdes que celles requises par le parquet militaire, qui avait demandé la perpétuité pour les deux hommes.
Le verdict tant attendu est enfin tombé. Près de quatre ans après l’irruption de soldats de l’ancien régiment de sécurité présidentielle (RSP) dans la salle du conseil des ministres, au palais de Kosyam, pour arrêter les responsables de la transition, le 16 septembre 2015, Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, accusés d’être les principaux instigateurs de ce qui restera dans les mémoires comme le « coup d’État le plus bête du monde », ont été respectivement condamnés à 20 ans et 10 ans de prison ferme.
Prison à vie requise
Après 19 mois d’un procès long et fastidieux, suspendu à de nombreuses reprises, les juges du tribunal militaire de Ouagadougou ont été plus cléments que le parquet, qui avait requis la prison à vie contre ces deux anciennes figures du régime de Blaise Compaoré. Dans son réquisitoire, la procureure militaire Pascaline Zoungrana avait estimé que Gilbert Diendéré était « l’instigateur principal du coup d’État » et que Djibrill Bassolé l’avait « aidé à [le] préparer ».
Ancien chef d’état-major particulier et bras droit de Blaise Compaoré, le général Diendéré avait pris la tête du putsch contre les autorités du régime de transition. Après avoir dirigé l’éphémère Conseil national pour la démocratie (CND), la junte qui avait pris les rênes du pays, il avait, sous la triple pression de la rue, d’une frange loyaliste de l’armée et de la communauté internationale, rendu le pouvoir au bout d’une semaine. Il a été jugé coupable d’«attentat à la sûreté de l’État» et de «meurtre» .
Vers un appel
De son côté, Djibrill Bassolé, ex-ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, a lui été reconnu coupable de « trahison ». Accusé de complicité et de soutien aux putschistes, son nom a notamment été au cœur de l’affaire des écoutes, où on l’entend évoquer un plan de soutien financier et opérationnel aux militaires du RSP avec Guillaume Soro, l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne.
Outre leur peine de prison, les deux généraux ont par ailleurs été déchus de leurs décorations. Leurs avocats ont annoncé leur intention de faire appel de ce verdict.
Enfin, sur les plus de 80 autres accusés de ce procès hors normes, la quasi-totalité ont également été jugés coupables des faits qui leur sont reprochés. Ils écopent de peines allant de 3 à 20 ans de prison.
Parmi eux, la dizaine de militaires de l’ex-RSP qui composaient le commando ayant arrêté le président Michel Kafando et les membres du gouvernement de transition le 16 septembre 2015 ont aussi été condamnés. L’adjudant-chef Éloi Badiel, considéré comme le chef des opérations du putsch, est condamné à 19 ans de prison ferme, et l’adjudant-chef Moussa Nébié, surnommé «Rambo», qui avait reconnu avoir mené le groupe, à 17 ans. Les autres membres du commando sont eux condamnés à 15 ans de prison ferme.
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